Monologue poétique de Georges de Cagliari, dit par Pierre Margot dans une mise en scène de Sara Veyron.
A l’heure où les sondes peuvent quitter la galaxie qui contient cette bonne vieille Terre, il était temps que les clochards cessent de n’être que célestes.
Georges de Cagliari a décidé que, désormais, il fallait que le vagabondage des âmes gagne d’autres étoiles, des étoiles plus brillantes et donc plus propices à faire jaillir la poésie des mots.
Sans doute, "Le clochard stellaire", "son" clochard, qui a pris la forme d’un homme fraîchement mort et destiné à une solitude éternelle, n’a pas revêtu les oripeaux ou les haillons d’un miséreux. Il n’a pas non plus le visage rubicond et le nez de clown rouge vin des alcooliques à la recherche des derniers bancs parisiens.
Sur une scène quasi vide, qui ne comprend qu’une brouette entourée d’un fouillis de livres, c’est un jeune homme, bien sous tous rapports et pas particulièrement mal habillé, qui va faire office de clochard symbolique. D’une belle voix grave, qui ne se permet ni cris inutiles ni colères intempestives, il va prendre la mesure de son nouvel univers et devenir sans se faire prier un passeur de poèmes.
Guidé par de jolis jeux de lumière qui donnent sens à l’expression "voûte céleste", Pierre Margot semble à l’aise dans cette peau de bavard qui interroge les cieux et leur lance comme un défi une douzaine de textes sacrément brillants.
Dans sa mise en scène simple et nette, Sara Veyron s’est ingéniée à ne pratiquer aucune rupture entre les textes choisis et le discours concocté par Georges de Caligari pour les introduire. Elle s’autorise, à chaque fois, un petit signal subliminal, jamais appuyé, qui annonce Walt Whitman, Thomas Bernhard, Louis Aragon ou même Antonin Artaud et Allain Leprest.
Que l’on écoute avec attention l’enchaînement de ces paroles poétiques ou que l’on se laisse bercer par l’écoulement de ces mots sans toujours les écouter précisément, on sera de toute façon sous l’emprise de Pierre Margot, diseur hors pair.
Un spectacle à recommander à ceux qui aiment voyager en esprit et pour qui, à l’instar de Georges de Caligari, l’imaginaire vaut autant le déplacement que la station balnéaire la plus renommée. |