"Mais j’ai déjà entendu ce nom quelque part, Janine quoi ?" Janine Boissard ! Un genre de pilier du divertissement français. Une fabricante de best-sellers. Une inspiratrice de scénarios télé. Une amie imaginaire pour de nombreuses femmes qui se retrouvent dans ses romans. Parce que Janine Boissard sévit depuis plusieurs années dans les librairies de France (et d’ailleurs). Elle est populaire, c’est bien ça. Et fidèle à son lectorat. Chaque année, ou presque, un nouveau roman. Voici le petit dernier de sa longue liste : Au plaisir d’aimer.
En effet, oui, rien que le titre laisse présager une explication à sa longue popularité. Janine Boissard écrit l’amour, la famille, les séparations et les retrouvailles. On aime ou on déteste, mais on se reconnaît forcément dans un de ses romans. Elle écrit le quotidien des relations interpersonnelles, entre amour et amitié, fidélité et trahison.
Au plaisir d’aimer commence mal. Un décès. Aymar de Fortjoie, veuf, ne laissant pour tout héritage que ses filles et un château délabré dans lequel le châtelain hébergeait de jeunes pousses de peintres. Entre les réparations pour que le château ne s’écroule pas et les inévitables frais de succession, les poches sont vides. La solution la plus évidente est de tout vendre. Mais non, les filles de Fortjoie ne veulent pas laisser le patrimoine paternel filer.
Une idée : proposer aux copines (riches) de poser pour les peintres, ça changera des après-midi à boire du thé et à cancaner. Le succès est garanti. Réveillant la jalousie de certains. Et la méfiance d’autres. Au fil des pages, les femmes qui paraissaient n’être que de superficielles dondons pleines aux as, dévoilent la tristesse qui les habite. Mariage arrangé, mari absent ou volage, ces femmes ouvrent leurs blessures dans les ateliers des peintres.
Et succombent à leurs charmes. Secouant un peu leurs maris. Faisant tourner la routine de leur vie monocorde. Réveillant l’envie d’aimer, au plaisir d’aimer.
Ecrit à la première personne, le roman n’est pas épique, il ne vous triturera pas le cerveau à la recherche du coupable, il ne vous fera pas regarder sous votre lit avant d’aller dormir, mais il vous donnera un peu de baume au cœur. Simple et directe, Janine Boissard ne perd pas de temps en conjectures et en descriptions (au moins vous pouvez laisser libre cours à votre imagination), le style est fluide, propice à l’engloutissement des pages en moins de deux.
Les personnages sont attachants, ils sont proches de la réalité, avec leurs désirs à leur portée et leurs soucis alimentaires. Parce que dans la vraie vie, nos choix cornéliens portent plus souvent sur le repas de midi que sur la destinée de nos existences. Et Janine Boissard nous emporte dans une réalité semblable à la nôtre, dans laquelle nous plongeons facilement, et ressortons tout de même avec la sensation d’avoir profité d’un petit bonheur. |