Comédie écrite et mise en scène par Gilles Dyrek, avec Séverine Debels, Florence Savignat, Benjamin Alazraki, Eric Mariotto, Xavier Martel et Alexis Victor.
Si généralement la période de Noël rime avec trêve des confiseurs et la sérénité des coeurs, Gilles Dyrek déroge à la tradition en la déclinant selon le mode classique du repas familial qui part en vrille et vire parfois en un tragi-comique règlement de comptes.
A cet effet, il indique, dans la note d'intention de "Noêl au balcon", avoir écrit une "pièce à concept", composée de la juxtaposition des réveillons se déroulant dans deux appartements contigus qui ne se dévoilent que par les apartés intervenant sur le balcon filant, dans laquelle chaque comédien joue deux personnages.
Ce déplacement du centre de gravité de la situation comme certains pers onnages archétypaux ne sont pas sans évoquer le diptyque-culte - "Cuisine et dépendances" et "Un air de famille" - du tandem Jaoui-Bacri datant des années 1990. Cela étant, ce sont des valeurs sûres que Gilles Dyrek décline avec sagacité avec une belle verve comique qui s'épanouit en répliques percutantes en y ajoutant de surcroît le procédé des histoires croisées.
Dans l'une, une mère toxique et caustique qu itire sur tout ce qui bouge (Florence Savignat), un fils bonne pâte (Xavier Martel), une belle-fille, la maitresse de maison, psychorigide et maniaco-perfectionniste stressée au bord de la crise de nerfs (Séverine Debels), un petit-fils chenapan (Benjamin Alazraki) et un fils (Alexis Victor) qui se débat entre une maîtresse envahissante au téléphone et un ado rebelle gothique (Eric Mariotto).
Dans l'autre, un paternel alcoolique (Alexis Victor) qui veut absolument faire le Père Noël, un fils à principes (Benjamin Alazraki) dont l'épouse fragile est enceinte jusqu'aux yeux (Florence Savignat), un fils looser (Eric Mariotto) et une fille coeur d'artichaut (Séverine Debels) venu avec son nouveau fiancé (Xavier Martel).
Le spectateur se trouve donc la position du voisin d'en-face qui ne connaît de la soirée, se déroulant donc "hors champ", que les pics conflictuels qui explosent sur un balcon à la fois cocotte-minute et sas de décompression. Coups de chaud, coups de gueule et coups de bambou, famille sous tension, couples en crise et crise d'adolescence sont révélés sous forme de micro-scènes jubilatoires.
Gilles Dyrek signe une mise en scène dynamique qui file à cent à l'heure, ce qui donne un peu le tournis dans la phase d'exposition par l'incessante succession d'entrées-sorties, à la manière du coucou de pendule, réserve au demeurant mineure, dans un décor toutefois peu inspiré avec sa façade d'immeuble réduite à deux rideaux rouges.
Il a réuni sa fine équipe, composée des comédiens qui ont tous sévi dans "Venise sous la neige", son inoxydable opus régulièrement à l'affiche depuis une décennie, qui manifestent, outre une incroyable virtuosité dans le frégolisme, réalisant des prouesses pour alterner leurs personnages souvent antinomiques, un bel abattage comique.
Cet explosif "Noël au balcon" en forme de savoureux album de famille réchauffe les coeurs comme les zygomatiques et tout le mal à lui souhaiter, pour contredire le proverbe météorologique qu'il évoque, est de prospérer au moins jusqu'à Pâques. |