Fable moderne écrite et mise en scène par de Oscar Castro, avec Oscar Castro, Sylvie Miqueu, Natacha Moyersoen, Catherine Max Martineau, Tales Resende, Anais Alric, Cathy Treskow et Pascal Campinos.
Depuis la co-fondation du Théâtre Aleph au Chili en 1968 qu'il a ensuite emporté dans sa valise d'exil pour la France, le comédien, metteur en scène et dramaturge Oscar Castro reste un Don Quichotte du théâtre qui, s'il ne peut changer le monde, ne renonce pas à en rêver par son appel au discernement pour lutter contre les leurres et les dérives d'une démocratie déliquescente.
Dès lors rien que d'évident que ce personnage emblématique soit au coeur de son opus intitulé "La brume", en référence à la chape de bêtise, d'injustice, de désenchantement et de corruption généralisée qui augure ce siècle, dans lequel un metteur en scène, son double autofictionnel, part en quête du tombeau du chevalier à la triste figure pour en délivrer l'âme combattante.
Oscar Castro a concocté une partition qualifiée de "fable moderne" qui, par son écriture comme par sa mise en scène, et comme nombre de ses pièces, résiste à l'étiquetage parce qu'affranchie des codes et des conventions théâtrales classiques et inscrite dans l'héritage d'une théâtralité dadaiste comme du surréalisme et de l'absurde, elle s'appuie sur l'esthétique de l'antiréalisme absolu pour traiter de la réalité.
Peut-être pour réinventer le théâtre comme le Théâtre Aleph, dans lequel sont audibles les bruits et de la rue et où flottent les savoureuses effluves de la carbonara que spectateurs et comédiens partageront à l'issue du spectacle, réinvente le théâtre en tant que lieu convivial créateur de lien social et de partage.
Dans "La brume", il est également question du rapport entre la réalité et la fiction, ainsi que du théâtre, de l'illusion théâtrale, du personnage anti-pirandellien. Ainsi que du personnage devenu créature dotée d'une conscience autonome et de l'immortalité, une belle tentation pour un auteur que de le vampiriser pour parvenir à ses fins.
Oscar Castro, à la mise en scène et au jeu, est le chef d'orchestre de cette partition kaléidoscopique inscrite dans la veine du burlesque tragi-comique et interprétée avec verve et passion par la troupe du Théâtre Aleph.
|