Avec l'exposition "Le Pressionnisme - Les chefs d'oeuvre du graffiti sur toile de Basquiat à Bando", la Pinacothèque de Paris invite le public à s'immerger dans l'art du graffiti, une des composantes de l'art urbain,et ce, de manière très pointue.
En effet, elle vise les artistes newyorkais nés à la fin des années 1950 et début des années 1960, dont de nombreux afro-américains ou d'origine sud-américaine ou caraïbéenne issus des quartiers défavorisés, qui sont devenus les figures historiques de l'art du graffiti sur toile.
En quête de reconnaissance artistique et de notoriété personnelle, autodidactes ou formés aux beaux-arts, ils ont utilisé la ville, lieu investi par le graffiti "social" à la vocation contestataire doublée d'une volonté d'affirmation identitaire, comme galerie à ciel ouvert pour accéder à la visibilité.
Ensuite, ou simultanément, ils ont décliné le graffiti sur toile pour intégrer le marché de l'art en se fédérant sous forme de collectifs qui ont, soit ouvert leur propre galerie, soit séduit de jeunes galeristes audacieux.
Le graffiti, c'est de la bombe
Sous le commissariat de Alain-Dominique Gallizia, architecte, collectionneur et expert en art du graffiti, l'exposition présente un panorama exemplaire avec une centaine d'oeuvres issues de collections privées.
Le Pressionnisme, traduction française de "pressure art" en tant que art sous pression, celle de la rue et des pouvoirs publics mais également des artistes entre eux car en situation permanente d'émulation et de rivalité, se caractérise par la technique, l'utilisation de la peinture en bombe qui, combinant donc outil et matière, constitue un avatar de l'action painting.
Le déroulé chronologique de l'exposition rend compte des transitions esthétiques majeures du mouvement graffiti à partir du travail des "Writers", les précurseurs tels Rammellzee, inventeur de l’Iconoklast Panzerism et du Futurisme gothique, Dondi White, Zephyr et Phase 2, qui portait sur le lettrage et la calligraphie comme enjeu plastique et arme secrète du futur.
Après l'écriture, vient la figure avec TKid et Lady Pink, façon comics avec Quik ou expressionniste avec A-One, puis l'abstraction avec, par exemple, le tachisme de Seen ou l'expressionnisme abstrait de Futura.
Les artistes se regroupent en "crews" comme les "United Graffiti Artists", les "Hollywood Africans" créé par Jean-Michel Basquiat, Toxic, Rammellzee et Fab Fve Freddy, ou "Bad Boys Crew"
dont font partie JayOne, Skki, KonOne et les français Ash et Bando.
De Bando, qui a largement contribué à l'importation en France du graffiti, et des graffeurs, newyorkais est exposée une étonnante variation d'un chef d'oeuvre impressionniste ("Nymphéas du Graffiti"). |