Cela fait longtemps que ce groupe est suivi de près. Soit sur les scènes locales, soit avec les deux EP publiés ces dernieres années. Entre la fin de l'enregistrement de son premier album et une tournée conséquente à venir, c'est sur la scène familière de la MJC Picaud à Cannes qu'Hyphen Hyphen marque son retour au premier plan.
La soirée débute avec une première partie assurée par le groupe niçois Ninety's Stories, formé de trois très jeunes musiciens : Guillaume (machines / chant), David (batterie) et Florian (guitare / chant) qui vont proposer un set très maîtrisé. Les morceaux sont très mélodiques et déroulés méthodiquement. Il faut d’emblée souligner l'ambition et la complexité des compositions qui ne se contentent pas d'un enchaînement couplets-refrains mais qui proposent au contraire un cheminement plus sinueux et réfléchi. On est toujours dans de la pop music mais une pop qui se ferait bousculer avec délicatesse et élégance, dans un écrin de velours.
Si on peut regretter que les titres soient souvent construits de la même façon (une intro atmosphérique suivie d'un changement de rythme avec la guitare mise en avant), le groupe saura sur la fin et notamment le dernier morceau lâcher la bride et se laisser aller, avec moins de contrôle et en étant davantage dans l'échange avec le public, tout à fait réceptif à cette ouverture.
Les contraintes et les barrières, cela fait très longtemps qu'Hyphen Hyphen ne s'en soucie plus. Jouant quasiment à domicile (la famille et les amis sont présents pour ce concert dans leur région d'origine), et parés de leurs habituels grimages, le groupe déboule sur scène dans une ambiance tribale, avec une volonté d'en découdre et avec un parti pris fort : Hyphen Hyphen, décidé à ne regarder que devant lui, ne jouera aucun titre de ses deux EP, seuls les morceaux de l'album à paraître prochainement, Times, seront présentés et défendus face au public.
Le quatuor a visiblement acquis de l'expérience et emmagasiné de la confiance lors de leurs nombreux concerts. Sans trahir ce qui fait la force de la Wild Union, les titres sont mieux contenus, sans les trompe-l'œil qui pouvaient déconcerter parfois. Tout au long d’un concert peu avare en énergie, Hyphen Hyphen déroule des titres avec un spectre musical de plus en plus large et audacieux, allant du poignant et à contre-courant "The fear is blue" à des titres groovy, soul, rock, électro avec des refrains qui sonnent comme des hymnes ("We light the sunshine").
Sur scène, nous voyons un groupe qui continue de s'affranchir, qui ne s'impose aucune limite. Liberté dans les styles musicaux et dans les compositions. Une liberté permise par la voix de Santa, toujours puissante, maîtrisée à souhait, qui guide et lie les partitions de ses complices – Line, Adam et Zaccharie - toujours aussi unis et habités. "On va danser ensemble" avait annoncé Santa au début du concert. Pari tenu, tant le dynamisme du groupe est communicatif, tant leur foi dans leur musique est contagieuse et emporte l’adhésion du public.
Après une dizaine de titres, le groupe ne reviendra que pour un seul morceau en rappel mais qui restera longtemps dans les mémoires : "Just need your love", en bouquet final avec son refrain irrésistible, une véritable apothéose. Si l'album se révèle à la hauteur, arrêtons de leur chercher des influences, c'est de Hyphen Hyphen qu'il faudra s'inspirer désormais. |