Réalisé par Florian Habicht. Grande-Bretagne. Documentaire musical. 1h30 (Sortie le 1er avril 2015). Avec Jarvis Cocker, Nick Banks, Candida Doyle, Steve Mackey et Mark Webber.
The Charlatans en février dernier, Noel Gallagher et ses High Flying Birds en mars, Blur en avril, Paul Weller en mai… la Britpop fait son come-back dans les bacs. Une invasion de nouveaux albums qui coïncide avec le 20ème anniversaire de ce qui fut la dernière période impériale du rock anglais à défaut d’être un courant musical novateur.
Outre-Manche, on commémore cet âge d’or avec notamment une semaine spéciale, du 5 au 11 avril, sur la BBC (rediffusions de concerts, documentaires, interviews des gloires de l'époque…) suivie de la première exposition consacrée à Oasis (Chasing the sun : Oasis 1993-1997 au Londonewcastle Project Space jusqu’au 22 avril) dont le single initial, Supersonic, fête lui-aussi ses 20 ans.
Loin de toute célébration marketing et opportunité de revanche – on laissera une hypothétique bataille d’égos reprendre entre qui vous savez – le pétillant dandy Jarvis Cocker, leader de Pulp, a choisi, lui, de contribuer à la mise en scène d’un point de non-retour dans les charts qui se révèle bien plus captivant. Un documentaire sur le dernier concert de leur ultime tournée, dans leur ville natale de Sheffield, le 8 décembre 2012.
Présenté en avant-première et hors compétition au festival F.A.M.E (Film & music expérience) ce 14 mars à la Gaîté Lyrique, le film raconte moins la spectaculaire et décisive soirée du groupe le plus glam des nineties que la journée ordinaire de Common People locaux, plus ou moins fans, de 7 à 77 ans. Une galerie de personnages à la Ken Loach (garçon boucher, vendeur de journaux, chorale et troupe de danse amateurs, équipe de football féminine, club du troisième âge…) tous fiers du parcours des enfants du pays avec lesquels ils partagent au moins une anecdote.
Ces tranches de vie prosaïques offrent un contrechamp pragmatique au show effervescent emmené par la bête de scène Jarvis Cocker. Une incursion bienveillante dans une fanbase intergénérationnelle et populaire qui fait écho à la dimension sociologique de l’album Different Class qui captait si fidèlement le quotidien des habitants de cette ville moyenne du Nord de l'Angleterre, avec le succès que l’on connaît. Et c’est d’ailleurs bien là le propre de la pop music que de s’inspirer des détails et des situations de l’environnement immédiat pour en faire une œuvre si unique et authentique qu’elle en devient universelle.
Alors certes le tubesque single After You, exhumé de l’enregistrement de We Love Life (dernier album studio en 2001) et repris fin 2012 avec James Murphy (la tête pensante de LCD Soundsystem), reste à ce jour le dernier tour (de force) de la boule à facettes accrochée dans la Disco 2000 de Pulp. Mais cette chronique touchante du retour des vétérans au bercail, aussi serein que triomphal, met suffisamment de baume au cœur pour nous faire accepter qu’il s’agisse, aussi, d’un jour sans lendemain (de fête).
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