Voilà. Je ne pensais pas me trouver ici à faire ça, mais j'y suis. Cédant à l'aimable insistance de David (et à l'attrait de l'argent, il ne faut pas se mentir), j'enfile donc le costume de chroniqueur. Me voilà donc en train de parcourir la longue liste des albums à chroniquer pour le délice des grenouilles. Par où commencer ? Je suis un peu perdu et je cherche un critère de sélection. Je décide finalement de faire le tri par label à la recherche des autoproduits. Quitte à chroniquer un album, autant donner de la lumière à ceux qui ont tant de mal à s'y faire une place. Et là, je tombe sur Carton Records. Carton carton carton, pour être précis. Ce petit label lyonnais au nom méthode Coué qui grimpe qui grimpe qui grimpe. Ils sont notamment responsables du premier EP de Jeanne Added et du récent et magnifique Odessey & Oracle and the casiotone orchestra. Pour soutenir ce projet, on trouve aussi le label Microcultures... je ne m'étendrai même pas, ça sent la perle sauvage.
Quel est donc cet album ? Leaving Room. De Laure Brisa. Voyons donc.
J'hésite. Comment aborder une première écoute pour une première chronique ? Faut-il d'abord se renseigner sur l'artiste et son parcours ? Aller jeter un oeil sur le site du label ? Ou simplement écouter sans a priori ? De toute façon, j'ai déjà un a priori positif, alors autant ne pas rajouter de pression à ce pauvre disque qui n'a rien demandé.
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Laure Brisa fait partie de cette catégorie d'artistes qui racontent des histoires. La musique devient une simple technique (parfaitement maîtrisée) et les mots eux-mêmes ne sont plus que les modestes serviteurs d'une quête qui les dépasse. Une seule langue n'y suffit pas. Il faudra donc aller du français à l'anglais en passant par l'espagnol pour trouver un vocabulaire suffisamment riche pour conter l'univers de Laure Brisa. C'est logique. Il suffit de tendre l'oreille un instant pour se rendre compte que les expérimentations sonores de la dame ne peuvent tenir dans une seule culture. Les instruments classiques et traditionnels se mêlent aux machines électroniques dans des arrangements pointillistes souvent basés sur des ostinati (en rock on dit des riffs, mais là il y a des riffs de harpe…). Chaque instrument raconte un mouvement, une sensation, un décor. Ils s'envoient des notes les uns aux autres, tendant des fils sur lesquels les voix se posent dans un numéro d'équilibriste sans filet. De la matière sonore naît un véritable spectacle, une féérie d'autrefois, un conte d'aujourd'hui. On pense alors à Georges Méliès, à Philippe Decouflé ou Bartabas. Je pourrais lancer de grands noms comme autant d'étoiles dans le ciel de ce magnifique album, vous parler de Claire Diterzi, Erik Satie, Lhasa de Sela, Loïc Lantoine (moins évident, mais cherchez bien), mais je ne le ferai pas, ça n'aurait aucun intérêt. Je préfère vous laisser là et profiter de cet album jusqu'à la dernière goutte.
[] Stop
Comment vous dire qu'il faut écouter ce disque ? Bien sûr, chacun ses goûts, ses couleurs… Mais ce qui fait de nous des Hommes, c'est qu'on veut toujours découvrir autre chose. Et je vous promets que l'herbe est plus verte de ce côté.
Il y a depuis quelques temps un parfum agréable de bonne musique dans ce pays, on voit fleurir des artistes qui n'essaient pas de faire comme tel ou tel autre, qui n'écrivent pas des tubes (remplis de vide comme leur nom l'indique), ne cherchent pas la gloire. Des artistes qui explorent, qui content, qui osent, qui travaillent. Laure Brisa est de ceux-là et Guillaume de la Villéon, qui l'accompagne, aussi.
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