Lame de fond ayant commencé à tourner en 2013, le duo Say Lou Lou, autrefois Saint Lou Lou, s'est enfin décidé à venir écumer nos rivages. Si leur actualité est d'une chaleur intense, la fraîcheur de leurs titres résume bien les origines des deux sœurs.

Entre Suède et Australie et deux parents musiciens, Elektra et Miranda Kilbey se sont taillées une affinité musicale à fleur de peau. Et si les deux artistes ne comptent que 24 années à leur compteurs respectifs, elles s'écartèlent avec plaisir vers des époques qu'elles n'ont pas connu. Lucid Dreaming, mais aussi les 5 singles parus entre 2012 et 2014 exploitent avec ferveur les synthétiseurs et finissent évidemment par croiser les années 80's.

En revanche, les jumelles demeurent des enfants de leur époque et en tant que tels, piochent allègrement dans une mythologie musicale plus contemporaine. Entre éléctro-pop et synthè omniprésent, Say Lou Lou doit autant à Au Revoir Simone qu’à Goldfrapp. Une alchimie efficace offrant aux jumelles une esthétique sonore juxtaposant les styles sans complexes, voire sans pudeur.

C’est qu’avec des titres comme "Games For Girls" produit par Lindstrøm ou "Glitter" et leurs rythmiques calibrées pour les dancefloors, on oublierait presque les balades amoureusement construites autour de textes désarmants.

"Peppermint" ("Those were last nights having you / Smoked another Camel blue / Your apartment was my world / Don’t say it’s over”) ou "Julian" évoquent un romantisme sensuel ultra additive et qui s’avère bien plus attachant qu’une bonne partie des titres up-tempos.

La magie de Say Lou Lou est située dans ce juste équilibre entre les inspirations convoquées ici et là. Un romantisme de jeunes adolescentes rafraîchissant mais également une notion du rythme ultra contemporain : car si les années 80’s ne sont jamais bien loin ("Angels (Above Me)"), les lignes de basses et le vernis électronique de plusieurs productions ne démentent aucunement le Zeigeist dans lequel s’inscrit Lucid Dreaming. Un premier opus qui, sans démentir son affiliation pop, finit par s’imposer en dehors des sentiers sur lesquels on l’attend. Une réussite donc.