Il n'est pas anodin d'aller voir Nosfell en concert.
On arrive dans la salle et on s'attend à une prestation musicale en live au sens classique du terme… Il n'en est rien…
Première indice, le soin méticuleux que Labyala Nosfell met pour préparer ses instruments et ses racks d'effet.
Second indice, la toile tendue juste derrière la scène.
Et quand le concert commence, on entre de plein pied en terra incognita .
Les éclairages de fond de scène projettent sur le drap tendu, une lumière diffuse dont les alternances de couleurs s'adaptent parfaitement aux ambiances sonores.
Sans préambule, c'est sur "Schaünipul" que débute le spectacle.
La voix envoûtante, la rythmique saccadée qui par instant pourrait s'apparenter à de la jig irlandaise, transportent immédiatement la salle au beau milieu du royaume de Klokochazia.
Qu'est-ce que Klokochazia ? C'est un petit royaume, dont nous parle longuement Nosfell durant les intermèdes, nous traçant la généalogie de grandes familles qui le peuplent, nous contant les histoires et les quêtes de certains de ses sujets.
Cet univers décrit de façon touchante, drôle, mais toujours avec une précision étonnante, nous donne le petit complément d'explication qui nous permet de nous immerger progressivement dans la mythologie Nosfellienne.
Les textes des morceaux sont un composite d'anglais, de klokochazien et de sonorités gutturales ou claquantes.
Musicalement ? Mais est-ce vraiment utile de décortiquer la magie ?
Deux musiciens sur scène : Labyala Nosfell et Pierre Le Bourgeois au violoncelle et parfois à la basse, assisté par une personne à la console son qui est presque le 3 ème musicien du groupe tellement son travail complète parfaitement l'ambiance musicale.
Car Nosfell invente un nouveau type de performance scénique, il joue sur des plages vocales tellement étendues qu'il parvient à peupler seul l'espace scénique de multiples personnages aux voix toutes différentes.
Pour cela, il a recours à l'enregistrement en live de boucles sons, puis durant leurs diffusions il les complète, chante en contretemps, en canon… les variations semblent infinies et l'espace artistique prend une consistance hallucinante.
"Végétal" ! Voilà le mot qui me vient à l'esprit, un univers végétal, luxuriant, aux lianes composées de lumières de son et d'épopées lyriques.
A la fin du concert, on n'a qu'une envie, demander l'asile au sein de ce royaume merveilleux.
Si vous ne connaissez pas Nosfell et qu'il passe près de chez vous : foncez !
Le seul risque que vous courez, c'est la dépendance !
Dans ce cas vous n'aurez qu'un recours, écouter son album qui agira sur vous comme une madeleine de Proust.
Fabuleux !
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