Comédie-farce de Alfred Jarry, mise en scène de Valéry Forestier, avec Sabrina Amengual, Michaël Egard et Valéry Forestier.
Venant de Bretagne, la Compagnie Le puits qui parle s'amarre à Paris avec un tonitruant et survolté "Ubu roi" présenté sous forme de "théâtre de bustes".
En d'autres termes, Valéry Forestier son maître d'oeuvre, a opté pour une mise en scène et une scénographie fidèles à la finalité originale de la farce potache et, non moins pataphysicienne, écrite par Alfred Jarry comme une satire du pouvoir totalitaire et de la figure tyrannique et cupide du dictateur destinée au théâtre de marionnettes.
Il a recours au castelet du classique petit théâtre de Guignol, dans sa plus élémentaire déclinaison, mais dans lequel des comédiens vêtus de noir et visibles à hauteur de taille remplacent les marionnettes à gaine et dont les visages grimaçants évoquent également les têtes du stand de jeu de massacre forain, ce qui s'avèrent en totale adéquation avec les personnages grotesques de l'Ubuland.
Ainsi opère-t-il une hybridation entre les registres du clown, du théâtre de marionnette et du théâtre d'objets qui permet à trois comédiens de camper toutes les figures de l'épopée ubuesque à l'aide d'accessoires hétéroclites.
Ces parti-pris de mise en scène et de jeu fonctionnent grâce à la virtuosité des officiants - Sabrina Amengual, épatante en harpie mère Ubu, Michaël Egard, qui apporte notamment sa faconde au père Ubu, et Valéry Forestier expert-multi-rôles - qui mènent l'épopée tambour battant et dont les vertus du jeu sont tout aussi comiques que didactiques.
Le public peut donc retrouver, à travers le plaisir mnésique de son âme d'enfant face au divertissement populaire la verve du théâtre satirique rondement mené. |