De et par Fabrice Carlier mis en scène par Jean-Claude Dreyfus.
Sauvage d'esprit convient parfaitement pour donner une idée du personnage qui monologue, en un "one-man-show triste à la manière des grands clowns". Le thème ? Inutile d'ajouter un mot à ce qu'en dit Jean-Claude Dreyfus, qui a assuré la mise en scène : "Découvrir un jeune auteur allié à un interprète qui rôde autour de lui-même en passant par le monde en bascule."
Debout, le corps quasiment immobile dans un cercle de lumière, il débarque en combinaison, extra terrestre, pierrot lunaire, enfant libre projeté dans le monde, comme emprisonné dans une camisole-combinaison de travail. Reste son visage, le bleu lumineux et enfiévré de ses yeux par lesquels toutes les émotions, toutes les secousses vont s'exprimer.
Le texte riche, dense, d'une musicalité singulière, poésie en prose, envahit, bouleverse, submerge à l'écoute et qui continue d'agir bien longtemps après avoir quitté le théâtre, tel le flux et le reflux qui ramène constamment vers la rive des bribes d'océan. ("Les mots, toujours, reviennent à la surface, ils se déchaînent comme la mer contre le désordre du monde").
Auteur, il est aussi le véhicule de son texte. Sorte de regard extra-lucide, visionnaire, voyant, comme on disait de Rimbaud, habité comme on disait d'Artaud, il a un univers, un verbe, une aura.
Quand il dit dans son interview son admiration pour Isabelle Huppert dans la pièce Hedda Gabler : " Elle ne joue pas, elle est. Que faire après ça ? " Et bien, Fabrice Carlier n'a rien à lui envier. Sur scène, il " est ".
Homme, chat, ange microscopique, fantasmeur professionnel, clown, il ôte sa combinaison. Son corps nu est peint, comme un tableau, comme une œuvre d'art "Les frontières, je les trace comme les indiens, d'un trait de peinture sur la peau."
On n'en sort pas indemne, identique à celui qu'on était en arrivant. C'est ça la mission du théâtre.
Il faut abs-so-lu-ment, et vite, aller le voir ! *
*6 représentations exceptionnelles les mardis du 8 mars au 12 avril 2005 à 21 h 30 au Théâtre Clavel
Fabrice Carlier est également actuellement à l'affiche de la Maison de la Poésie avec Jean-Claude Dreyfus pour "Rictus"
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