Réalisé par Sabine Gisiger. Etats-Unis/France/Suisse. Documentaire. 1h17 (Sortie le 20 mai 2015). Avec Irvin D. Yalom, Marilyn Yalom, Susan K. Hoerger, Larry Hatlett, Eve Yalom, Lily Carstens, Alana Carstens et Ben Yalom.
Les nombreux lecteurs d'Irvin Yalom ne doivent pas s'inquiéter : le documentaire que Sabine Gisiger lui consacre le restitue tel qu'ils le connaissent, c'est-à-dire simple et solaire.
Ceux qui ne l'ont pas lu ou savent seulement de lui qu'il est une véritable vedette médiatique de la psychiatrie aux États-Unis seront vite convaincus d'être devant un personnage authentique dont les leçons de vie doivent être écoutées sérieusement.
En quelques plans de son film, un autre malentendu se dissipe : Irvin Yalom, cet octogénaire radieux, n'est pas un gourou. De sa voix chaude d'intellectuel américain, il parle avec bon sens de ce qui améliore l'état de ses patients et qui n'a rien à voir avec une formule magique.
Sabine Gisiger aurait peut-être dû intituler son film, "Irvin Yalom, le dernier humaniste". Qu'elle le saisisse à son cabinet de travail ou en famille, notamment en villégiature quelque part dans la France où il aime à résider, Irvin Yalom dégage une sérénité comme on en a rarement vu sur un écran.
Loin de tout argument critique, on a simplement envie d'écrire : "on est bien en compagnie d'Irvin Yalom". C'est sans doute la preuve de la qualité du travail de Sabine Gisiger que d'avoir choisi de faire le portrait d'un homme si passionnant qu'on se désintéresse de la facture de son documentaire.
Qu'il soit "plan plan" ou monté avec génie, cela n'a aucune importance, "Irvin Yalom, la thérapie du bonheur" de Sabine Gisiger est un film qu'on n'oubliera pas. Il donne immédiatement envie d'en savoir plus sur Irvin Yalom. Ceux qui en profiteront pour se procurer ses romans ne seront également pas déçus. Qu'ils lisent "Le Problème Spinoza" ou "Et Nietzsche a pleuré", ils découvriront en filigrane le même personnage que dans le film.
Au moment où Cannes déroule le tapis rouge aux grands sujets épuisants du moment, s'esbaudit devant les routinières constructions alambiquées des Desplechin et consorts, il est rassurant qu'une contre-programmation soit possible.
"Irvin Yalom, la thérapie du bonheur" de Sabine Gisiger est le parfait viatique pour guérir de cette complaisante noirceur. Un peu de bonheur dans un monde cinématographique de brutes, ça ne peut pas faire de mal. |