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Théâtre de la Colline  (Paris)  mai 2015

Comédie dramatique de Pier Paolo Pasolini, mise en scène de Stanislas Nordey, avec Marie Cariès, Raoul Fernandez, Thomas Gonzalez, Olivier Mellano, Anaïs Muller, Stanislas Nordey, Véronique Nordey et Thierry Paret.

Comment Stanislas Nordey, qui le connaît pourtant si bien, a-t-il pu oublier que Pier Paolo Pasolini était autant un homme de mots qu'un homme d'images ?

Le poète hérétique, le polémiste à la langue acérée, était aussi l'extraordinaire visionnaire de "Théorème" et de "Salo", comme celui qui transforma Callas en Médée, illustra l'Évangile de Saint Matthieu et donna vie aux "petits oiseaux" du bon Saint d'Assise.

Dans l'âpreté du décor austère d'Emmanuel Clolus, qui évoque un palais viscontien, seulement perturbé par un rêve plus kitsch que fellinien dans lequel intervient une

Il crie, il hurle, il se casse la voix, joue de ses longues mains et de son corps torse nu. Entre prière et exhortation, il charge la poésie pasolinienne jusqu'au désespoir. Quelques trop rares fois, une goutte d'humour lui échappe, presque malgré lui, comme s'il ignorait qu'à la même époque qu' "Affabulazione", Pasolini s'amusait avec Toto, celui qui faisait rire l'Italie des sous-prolétaires et l'associait avec son lutin sautillant et frisé, Ninetto Davoli.

Certes, la voix sud-américaine de Raoul Fernandez, en ombre de Sophocle qui introduit le récit et vient parfois le perturber, apporte une distance amusante, mais Nordey la tire du côté d'un "pirandellisme" qui tombe à plat. Certes, le fils porte une perruque blonde bouclée qui lui donne une franche parenté avec Ninetto Davoli, mais jamais il n'est dans la feinte et dans la joie.

Et pourtant, rien qu'au titre, il faut comprendre que l'esprit de sérieux ne doit pas guider "cette tragédie qui n'a pas de début mais qui aura une fin".

Ce combat d'un père incarnant tous les pères contre un fils qu'il force à être rebelle pour avoir des raisons bourgeoises de le tuer est forcément tragi-comique. Le fils qui obéit à son père qui lui demande de le tuer symboliquement, donnant ainsi à ce père de bonnes raisons de pratiquer un réel infanticide, c'est forcément une situation qui n'engendre pas la mélancolie et qui, par ailleurs, est très chargée politiquement.

Pasolini le marxiste "orthodoxe" fustige ici les gauchistes, idiots utiles d'une bourgeoisie à bout de souffle qui va bientôt les manipuler, quitte à s'en débarrasser. Le père incarne le pouvoir et il fera tout pour le garder et pas seulement des meurtres familiaux.

Contrairement à ce que propose Stanislas Nordey, ce père ne gémit pas, ne se plaint pas : il affabule. Il se fait passer pour ce qu'il n'est pas. Il n'a pas besoin d'être accompagné par un inutile "guitar hero" comme Olivier Mellano. Car, autre contresens de Stanislas Nordey, il est tout sauf rock'n'roll. Il ne faut pas croire ses larmes : ce personnage machiavélique qui n'a pas les faveurs de Pasolini, contrairement à ce qu'on pourrait croire dans cette version, parvient à ses fins à la fin de la pièce.

Sans doute, "Affabulazione" tenait trop à cœur de l'acteur-metteur en scène. Il le pousse vers une performance physique qui force l'admiration. Malheureusement, toute cette énergie dépensée ne saurait cacher que l'âme de Pier Paolo Pasolini, qui n'aimait pas le pathos ni l'affectation, mais la vraie tragédie où les rires se mêlent aux pleurs, n'est pas au rendez-vous.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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