Après une attente dans la fraîcheur de ce début de mois de mars, une entrée "en rang par deux" qui rappelait le boulot, une attente de confirmation pour les invites, un autre "en rang par deux" ( d'habitude, c'est moi dit ça !), je pénètre enfin dans le studio 105 qui accueille un évènement assez solennel, puisque les "happy few" présents en cette fin d'après-midi vont tout simplement assister au premier show français de la nouvelle coqueluche musicale de ce début d'année : Arcade Fire.
Quelques amis outre-Atlantique m'avaient déjà mis l'eau à la bouche en me parlant de concerts tonitruants qui convertissaient les plus réticents… Avec un peu de retard, Lenoir lance les hostilités. Il demande au public, moins nombreux qu'à l'occasion d'une black session, de faire autant de bruit que si cela en était une… Personne ne se fait prier et c'est sous les cris de la foule que le collectif canadien débarque sur scène.
Pendant un peu plus d'une heure, on va découvrir, ébahis, l'incroyable puissance scénique des Montréalais. Et puis il y a ce look… Les garçons sont pour la plupart en costard, et les filles attifées de robes au style très baroque… On est surpris par la carrure de Win Butler, grand gaillard aux cheveux mi-longs et fins, ainsi que par un grand rouquin tout sec avec une bouille rigolote, Richard Parry.
Tout au long du set, le personnel tourne, change d'instrument, sauf Sarah Neufeld, imperturbable au violon et au choeurs… Parmi les grands moments, on retiendra ce "No Cars Go" sorti de derrière les fagots, pioché dans la démo que le groupe a enregistré dans une grange… Richard Parry assure un show à la Bob Nastanovich de Pavement. Armé d'un tambour, d'un tambourin et d'une cymbale complètement déglinguée, et cerise sur le gâteau, affublé d'un casque intégral rouge, il seconde le batteur à la rythmique, met ses mains en porte-voix et s'époumone… Ca dépote…
Juste avant de se lancer dans une version grandiose du très dansant "Power Cut", Win déplore que nous soyons assis, nous invite à nous lever mais précise "qu'il ne voudrait pas nous mettre dans l'embarras"… C'est clair que l'on déplore cet immobilisme forcé, car le morceau donne sacrément envie de se lever et de se laisser aller.
On a également droit à une version dans le désordre de la "suite" "Neighborhood", avec une mention spéciale à ce "Laika", sûrement inspiré par les références littéraires russes de Win. Régine nous offre une version fragile et délicate d'"Haïti". Win profite également d'un somptueux piano "Steinway And Sons" pour une version magnifique et dépouillée de "Crown Of Love"». On retiendra également cette version incroyable de "In The Backseat", où la voix gracile de Régine se fraie un chemin entre violon guitare et piano…
A la fin de la session, tout le monde est debout pour récompenser à sa juste valeur la prestation incroyable de ce groupe précieux. A une époque ou chaque nouvelle formation qui débarque croule sous des critiques dithyrambiques, qui riment la plupart du temps quelques mois après avec "amnésique", Arcade Fire tient toutes ses promesses.
Je regrette simplement de ne pouvoir me rendre au concert du lendemain au nouveau casino, car c'est complet. On pourrait penser que cette White (enfin plutôt Black) session n'était qu'un feu de paille ; et bien non. Ce matin j'ai croisé un collègue qui m'a raconté le concert au nouveau casino et Arcade Fire a bel et bien (pour clôre cette chronique avec un jeu de mots facile) allumé le feu…
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