Vaudeville de Astien Bosche, mise en scène de Fanny Zeller, avec Marie-Mathilde Amblat, Clément Beauvoir, Clara Brajtman, Anne-Laure Laithier, Baptiste Nénert, Aurélien Osinski et Nessim Vidal.
Le premier indice qui donne envie d'aller voir ce spectacle est la plume de Astien Bosche, l'auteur de "J'irai twister sur vos tombes", qu'on avait découvert au sein du Grandiloquent Moustache Poésie Club.
Il y a ensuite ce titre qui rappelle bien évidemment le roman de Vernon Sullivan, écrivain fantôme qui portait atteinte aux bonnes mœurs né de l'imagination d'un Boris Vian féru de jazz et joueur de trompette. On s'attend donc, à l'entrée de la salle, à une pièce musicale à la fois drôle et cynique.
On n'est absolument pas déçu. La pièce s'ouvre sur l'annonce du divorce des parents lors d'un repas de famille, à l'issu duquel le père mourra d'une crise cardiaque. Lors de la veillée funéraire, des révélations explosives sur les mœurs des différents membres de la famille s'ensuivront, le tout rythmé en chansons.
Pour donner une idée du ton de ce "vaudeville yéyé", on pourrait penser à une adaptation de "Toutes les familles sont psychotiques" de Douglas Coupland mise en musique par Au Bonheur Des Dames.
Sur le style, Astien Bosche joue sur les dialogues déjantés qu'il saupoudre d'assertions sur les liens familiaux, la libération des mœurs et quelques allusions à la situation politique en France durant les années 60.
Dans des décors simples qui rappellent les années 60 dans leur jus, la mise en scène de Fanny Zeller est rythmée, tourbillonnante, sans temps mort. Elle est servie par une excellente troupe, la Compagnie des skieurs de fond, dont les acteurs ont des "gueules".
En premier lieu Clément Beauvoir, le père, le seul à chanter en anglais. L'oncle, interprété par Aurélien Osinski, qui, alors que le lit conjugal n'est pas encore froid, s'intéresse à son ancienne belle-soeur tout juste devenue veuve, la pétillante Clara Bratjman.
Dans le rôle des enfants, de la bru et du gendre, les quatre acteurs sont hilarants et explosifs : avec Baptiste Nénert, le fils macho qui va partir pour l'Algérie, et la blonde Anne-Laure Laither, sa soeur qui rêve de mariage.
Ensuite Marie-Mathilde Amblat, magnifique dans le rôle de la fiancée soumise qui avale, s'occupe de tous les accompagnements au piano.
Délirante, provocante sans jamais tomber dans la vulgarité, "J'irai twister sur vos tombes", réussit l'exploit de faire rire un public composé à la fois de jeunes gens dans la vingtaine jusqu'aux septuagénaires. |