Réalisé par Bruno Podalydès. France. Comédie. 1h45 (Sortie le 10 juin 2015). Avec Bruno Podalydè, Agnès Jaoui, Sandrine Kiberlain, Vimala Pons, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Jean-Noël Brouté et Pierre Arditi.
On avait laissé Bruno Podalydès alors qu'il s'entêtait à vouloir faire rire avec une consternante histoire de corbillard.
Après cet "Adieu Berthe", dont la simple évocation casse déjà l'ambiance, il a décidé de tenter le tout pour tout : emprunter une voie peu escaladée par les cinéastes d'aujourd'hui, celle de la paresse.
"Comme un avion" de Bruno Podalydès est, en effet, un hymne lymphatique à la bifurcation, au chemin qui chemine, à l'aventure la plus banale saisie au coin de la rue la plus anodine. Le ton est immédiatement donné : présenté comme un fou de l'aviation, Bruno Podalydès décide donc... de s'adonner au kayak.
Que dire d'autre de "Comme un avion" ? On y entend beaucoup de chansons, et notamment quelques-unes du prince charmant des feignants, Georges Moustaki. Rien que pour cet hommage, "Comme un avion" de Bruno Podalydès mérite d'être vu.
Petit morceau à la gloire de ceux qui n'ont pour philosophie que de s'amuser avant le repos éternel, le film n'a pas peur de faire du surplace. Au contraire, il est heureux de ramer dans l'inutile et l'inaction. On se croirait presque ramener au temps des "Alexandre le bienheureux" ou celui des films du trop tôt disparu Claude Faraldo.
Pas loin de "Bof" et de "Themroc", sans leur dimension anarchiste - il ne faut pas trop en demander au Versaillais Podalydès ! -, "Comme un avion" assume à coup de pagaie son décalage.
On y osera des figures de style qui, chez d'autres, paraîtraient totalement idiotes : ainsi acceptera-t-on sans ricaner que Bruno Podalydès passe des bras de Sandrine Kiberlain à ceux d'Agnès Jaoui. Au contraire, on trouvera cela plein de fraîcheur au pays des quinquagénaires heureux et assumés.
Et l'on prendra alors plaisir à suivre les exploits de Michel, superbement photographiés par Claire Mathon qui donne de la beauté verte et bleue à ce périple dans les méandres de quelques bras de rivière.
Ailleurs, dans ce pays où la ligne est claire sans avoir besoin, pour une fois, de faire référence à Tintin, on sera totalement dépaysé, près à accepter le joli sourire de Vimala Pons, déjà appréciée dans "Vincent n'a pas d'écailles" et toujours à son affaire dans l'élément aquatique.
On quittera, provisoirement s'entend, ce petit monde heureux en écoutant Alain Bashung chanter "Vénus».
"Comme un avion" de Bruno Podalydès pourrait susciter bien des réserves, mais peut-on médire d'un film qui permet de comprendre que cette chanson écrite par Gérard Manset, à laquelle on n'avait pas encore prêté assez attention, est un immense chef d'oeuvre ? |