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Vittorio et Paolo Taviani  juin 2015

Réalisé par Vittorio et Paolo Taviani. Italie. Drame. 1h55 (Sortie le 10 juin 2015). Avec Riccardo Scamarcio, Kim Rossi Stuart, Jasmine Trinca, Rosa Laurenti Sellers, Lello Arena, Paola Cortellesi, Carolina Crescentini et Flavio Parenti.

Tout le monde connaît - ou devrait connaître - le "Décaméron" de Boccace. La peste frappe Florence en 1348 et la mort emporte la fine fleur de la cité. Une dizaine de jeunes gens, sept filles et trois garçons, décident de fuir l'épidémie et partent se réfugier à la campagne.

Pour occuper leurs journées, chacun va devoir raconter chaque jour une histoire d'amour sur un thème choisi la veille. Comme ils sont dix et que leur retraite va durer dix jours, c'est donc une centaine de contes qui compose le "Décaméron".

Dans son adaptation pour le grand écran, Pasolini avait mis en scène une dizaine de contes. A l'instar des "Mille et une nuits" et des "Contes de Canterburry", avec qui le "Décaméron" constituait un "triptyque", il s'agissait de décrire des scènes libertines dans une espèce d'anthologie des mœurs sexuelles d'hier et d'aujourd'hui.

Ce n'est évidemment pas le but des frères Taviani. Après plus de cinquante ans passés derrière une caméra, leur vision du "Décaméron" est une espèce de réflexion épurée sur l'amour, sur ce que conter veut dire, et sur l'importance qu'a pu signifier pour eux aimer et raconter.

A la fin de leurs carrières, les cinéastes se scindent entre ceux qui continuent leur cinéma jusqu'au bout comme si de rien n'était et que la mort n'allait jamais viser leurs bobines, et ceux qui, devançant son sale boulot, décident de faire de leurs ultimes films une espèce de testament ou mieux une leçon de vie destinée aux spectateurs censés leurs survivre.

C'est cette solution que la fratrie Taviani a choisi. S'attardant pendant un long moment du film sur la mort à Florence, ils la décrivent presque dans des habits de fête. Tous les gens frappés, riches et pauvres, jeunes et anciens, sont beaux comme des Botticelli, même si quelques traces hideuses montrent la réalité de leur mal.

Jamais la mort n'aura paru plus douloureuse et injuste que dans ce cadre magnifique où les parents éplorés assistent au départ de leurs enfants ramassés par les hommes en noir, ou de beaux vieillards voient s'en aller leurs compagnes de toujours ou l'amant pleure l'aimée.

Quand nos dix jeunes gens quittent cet enfer presque irréel, c'est comme s'ils entraient dans un autre monde, une autre réalité, pareille à celle du cinéma pour Paolo et Vittorio. Ce qu'ils vont décrire en mots pour fuir la mort encore présente dans leurs âmes, c'est en images que les Taviani vont le retranscrire.

Miracle toujours recommencé que ces 24 photos par seconde où s'imprime une autre vie. Surtout quand elle est reconstituée par la grâce de deux vieux magiciens au meilleur de leur magie. Même s'ils sont chiches de leur occulte savoir, puisqu'ils ne daignent raconter que cinq contes, ils le distillent avec un tel amour que tous ceux qui auront choisi de partager ce pain spirituel en leur compagnie seront grandement rassasiés.

Dans ces saynètes où tout est soigné à l'extrême, des décors aux costumes, où tout est beau, même la laideur, l'amour fou voisine avec la farce triviale, l'appétit sexuel avec la passion éthérée.

Comme Rohmer terminant son voyage dans la fraicheur amoureuse de l'Astrée, les frères Taviani font une de leurs dernières escapades cinématographiques dans les beaux sentiments classiques. Loin des images encombrées et du son saturé du cinéma dominant, les deux vieux mal pensants résistent encore avec une belle nonchalance à l'ordre dominant.

"Contes italiens" de Paolo et Vittorio Taviani est un film moderne qui a l'insolence d'être déjà un classique. On sent qu'il est heureux de donner du plaisir. Cela tombe bien : on en a autant à le recevoir.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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