Spectacle humoristique conçu et interprété par Jean-Pierre Bodin.
L'année dernière, on avait pu voir à Dunkerque, au Bateau-Feu, le dernier spectacle de Jean-Pierre Bodin, "Inaugurations", dans lequel la musique de fanfare était constamment à la fête.
C'est donc avec une "illogique" imparable que l'on a pu enfin découvrir cette année son premier spectacle, celui qu'il a crée il y a déjà vingt ans avec la complicité de François Chattot.
ans dévoiler le clou de ce "Banquet de la Sainte-Cécile", qui est l'occasion d'un moment magique, Jean-Pierre Bodin y raconte ce qu'il montre dans "Inaugurations".
Quand il rentre en scène, il se tient derrière une longue table recouverte d'une nappe en papier blanc. Il y installe une rangée de verres, les remplit et les propose aux spectateurs assis au premier rang sur un grand banc.
Ce rituel soigneusement respecté, d'une voix douce, il commence sa description scrupuleuse de Chauvigny, une ville de la Vienne de 5 000 habitants, à quelques dizaines de kilomètres de Poitiers. Chauvigny, code postal 86 300, commune dont il s'étonne sans colère qu'elle ne soit pas sous-préfecture, alors que Montmorillon l'ait !
On n'en saura pas plus, mais on en saura davantage sur l'Harmonie municipale de Chauvigny. Car, il s'agit pour Jean-Pierre Bodin de raconter comment se passait jadis et naguère la Sainte-Cécile, fête des musiciens, pour cette joyeuse bande portée sur la dive bouteille.
Grand conteur devant l'Éternel, Jean-Pierre Bodin pourrait être comparé à Philippe Caubère, sauf qu'il n'interprète pas de personnages propre
On sera admiratif sur l'économie des moyens dont il se sert pour obtenir le rire de ses spectateurs. Peu d'effets, peu de choses extraordinaires, avant les deux plats de résistance constitués par les aventures scatologiques de l'un des musiciens de 135 kilos dans une cabane au fond du jardin et par la description des cérémonies arrosées du 11 novembre.
Cette balade dans la France de toujours, celle d'avant le haut débit et le choix cornélien "boire ou conduire, il faut choisir", fourmille en références. On sera prêt de Clochemerle, on sera proche de Tati et de Fernand Raynaud (avec l'anecdote de l'alcootest).
On y entendra, comme dans "Inaugurations" d'ailleurs, quelque chose qui ressemble au Nino Rota de "Huit et demi" et qui tutoiera ici en intensité les sommets de la "Chevauchée des Walkyries". Et puis, il y a cette fameuse fin et le verre de l'amitié qui la ponctue qui font de ce "Banquet de la Sainte-Cécile" un moment unique de théâtre.
Comme Jean-Pierre Bodin, qui en est à 960 "Banquet" en 20 ans, espère dépasser les 1 000, on conseillera à tout amateur de vraies émotions théâtrales de réserver sa place pour l'un des prochains. |