How Big, How Blue, How Beautiful
(Island Records) juin 2015
Lungs, le premier album de Florence and the Machine paru en 2009, symbolisait la force de la chanteuse, de ses poumons et de la jeunesse. Ceremonials (2011), son second né, récupérait les aspects mystico-ésotériques de la chanteuse et n'hésitait pas à jouer la carte des productions léchées, pleine de morgue. Quant à lui, le dernier venu, empiète allégrement sur des territoires profondément humains.
Il faut dire que derrière son titre à rallonge, How Big How Blue How Beautiful se dissimule une humanité désarmante. Et comme les vidéos de "Ship to Wreck", "St Jude" et de "What Kind of Man" l'attestaient, Florence (épaulée par Ryan Heffington pour les chorégraphies) s'élance éperdument dans un voyage artistique vibrant de puissance et également touchant de sensibilité.
Si Florence a toujours clairement été de celles comptant principalement sur la puissance de leurs chants pour se faire entendre, HBx3 introduit un nouveau souci mélodique aux productions de l’artiste. Vivement intemporel, majoritairement porté par les guitares ("Ship to Wreck"), ce troisième opus apparaît comme un produit épuré. Adieu les mouvements brusques de Lungs et la morgue de Ceremonials, bonjour les productions plus simples et dépouillées ("Long & Lost").
N’allez pas croire que Florence ait choisi de faire une croix sur ses expériences précédentes, puisque des titres tels que "Make Up Your Mind" et "Third Eyes" s’intègrent parfaitement dans la lignée de ses premiers albums. Mais si Florence signe un album dont les productions furent composées dans la retenue, l’arrivée de rythmiques folk et / ou minimaliste dans l’album, lui assure un renouveau salutaire. Une évolution qui se fait à travers l’exploration, presque perverse des douleurs de la chanteuse. Un peu à la façon d’un doigt que l’on ne peut empêcher de sonder une zone douloureuse encore et encore. D’ailleurs, elle n’hésite aucunement à enfoncer le clou avec des paroles brutes. Un peu comme lors d’une psychanalyse, l’emploi des mots "You do such damage, how do you manage" s’impose comme d’honnête miroir de ses états d’âmes, une médication prônant le remède du feu par le feu.
Et même si rupture et cœur brisé ne sont pas des leitmotive originaux dans l’univers de la pop, Florence and The Machine ne fait exception qu’en invoquant une musicalité tranchant par sa sensibilité. S’abritant sous le patronage du saint des causes perdues ("St Jude") ou s’armant de sa douleur comme d’un étendard ("You wonder why it is that I came home / I figured out where I belong /But it's too late to come on home") l’artiste dessine à HBx3 un profil imbibé par une peine de cœur dévastatrice.
Vous l’aurez compris, ce troisième opus gagne en maturité, mais aussi en technicité, il n’est plus simplement question de pousser de la voix. Quand beaucoup tendent à dire que l’opus HBx3 est "Arena Ready", nous affirmons, au contraire qu’il est le plus personnel des albums de Florence and The Machine, le plus humble et le plus authentique.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.