Comédie dramatique d’après l'oeuvre éponyme de William Shakespeare, mise en scène de Vincent Thépaut, avec Isabel Aimé Gonzales, Béatrice Aubazac, Luca Besse, Florian Choquart, Simon Falguière, Elsa Foucault Romaric Séguin et Vincent Thépaut.
William Shakespeare en a vu certainement d'autres. Il sait que les jeunes metteurs en scène, particulièrement français, doivent jeter leur gourme avant de commencer à comprendre qu'on ne peut jouer avec les grandes œuvres que lorsqu'on les a vraiment comprises.
Sous-titrée sans modestie "Orgie antique géopolitique", cette version d'"Antoine et Cléopâtre" fera sans doute bâiller davantage les anticonformistes que les orthodoxes.
La présence désormais habituelle de batteries et de guitares électriques ne les étonnera guère. En revanche, il seront peut-être déçus qu'ici "Afrique Adieu" de Michel Sardou fasse la nique à "Alexandrie, Alexandra" plus de circonstance.
Ils ne s'esbaudiront pas non plus en écoutant la belle prose shakespearienne réécrite par Vincent Thépaut lui-même et souillée de quelques mots qu'on n'aime pas entendre - ni écrire - même au centième degré, comme "crouille" ou "bougnoule". On mettra cela sur le compte de l'inconscience de la jeunesse en sortant quand même un carton légèrement rougissant...
Non, on sera plutôt accablé de voir des jeunes gens bourrés de bonne volonté, énergiques et prêts à donner beaucoup d'eux-mêmes obligés de participer à cet empilement de scènes grotesques censées reconstituer Actium ou la fin des deux amants héros.
En entendant l'accent chantant d'Isabel Aimé Gonzales Sola en Cléopâtre aux petits appâts, on ne pourra s'empêcher de penser à Monica Bellucci dans "Astérix et Obélix, mission Cléopâtre" d'Alain Chabat. Sans doute, eût-il été plus judicieux pour Vincent Thépaut d'adapter ce film, d'autant que Luca Besse est un Antoine pansu pourvu d'un ventre digne d'Obélix. Mais si Shakespeare ne porte pas plainte quand on se l'approprie gratuitement, on peut penser qu'Alain Chabat et les familles Uderzo-Goscinny auraient été moins bonnes pâtes.
Cependant, c'est peut-être injuste d'écrire que Vincent Thépaut ne respecte pas Shakespeare : à la fin, Antoine et Cléopâtre sont bien voués à mourir et aucune intervention extraterrestre, avec musique de John Williams, ne vient les sauver in extremis. |