Comédie dramatique de Harold Pinter, mise en scène de Loïc Renard, avec Etienne Durot, Basile Lacoeuilhe, Jean-Christophe Legendre, Antoine Reinartz, Loïc Renard et Anaïs Thomas.
"Hot House" est l'une des premières pièces d'Harold Pinter. Si l'on s'intéresse à son œuvre, on trouvera sans doute dans ce texte de forme classique des traces de ce qui fera du dramaturge britannique l'un des plus grands du siècle passé.
"Hot House" baigne notamment dans un climat intrigant, dans un incertain dont on n'aura jamais toutes les clés et s'installe peu à peu dans une ambiance où l'absurde tient une grande place.
Qui sont ces membres d'une administration qui gèrent des "patients" dont on ne saura jamais rien. Est-on dans un établissement de santé? Un sanatorium ? Une maison de fous ? Et que dire des relations qu'entretient Roote, le directeur, avec son personnel, et particulièrement avec Gibbs, son machiavélique adjoint ?
Pourquoi sont-ils prêts à sortir des couteaux ? Pourquoi un tel niveau d'incompétence ? Et quid de toutes les turpitudes qui s'accumulent alors que c'est l'époque de Noël, des vœux et des cadeaux ?
Loïc Renard, qui met en scène cette nouvelle version de "Hot House", a préféré la retraduire plutôt que de reprendre l'adaptation d'Eric Kahane, traducteur trop littéraire pour l'époque actuelle.
Ainsi, s'il gagne en clarté, par rapport aux subtilités que Kahane, traducteur de "Lolita" et du "Festin Nu" et des sous-titres des films des Monty Python ou de Kubrick, il rabote le texte, lui ôte la possibilité de tout double sens.
Dans un décor unique, le bureau du directeur, l'action se déroule en partie autour d'un tapis central, censé incarner le "ring" où vont avoir lieu les échanges à fleuret de moins en moins moucheté entre les personnages.
Loïc Renard a également réduit à néant les références possibles à un lieu médicalisé. Tout le monde est habillé en costumes de ville modernes, ce qui a pour effet d'éviter de dater inutilement l'époque dans laquelle on se trouve.
Si l'on ignore qu'il s'agit d'une œuvre de Pinter, on ne risque donc pas de le deviner. Mais, cette réserve faite, Loïc Renard mène avec rythme son entreprise. Autour de lui, Jean-Christophe Legendre, Antoine Reinartz, Anaïs Thomas, Etienne Durot et Basile Lacoeuilhe forment une troupe cohérente.
On ne s'ennuiera pas et l'on saura gréé à Loïc Thomas d'avoir eu la modestie de ne pas chercher à réinterpréter "Hot House" . On le remerciera notamment de ne pas en avoir fait une farce macabre, voire gore ou grand-guignolesque, comme certains n'auraient pas hésité à le faire. |