Invisible World
(Green United Music / PIAS) mars 2015
Hommage à la maison familiale "la villa Madjo", Madjo aurait puisé son inspiration dans les entrailles de ces murs. Sacré histoire. Des échos fantomatiques aux vibrations de l’air, Invisible World reflète tout à fait l’ambiance des histoires entendues du haut de l’escalier (parce que c’était l’heure de dormir, mais c’est beaucoup plus drôle d’écouter les adultes perpétrer les légendes locales).
Audacieuse, Madjo veut enregistrer autre chose que les balades éculées sur d’éphémères promesses, envolées sitôt que le vent s’est levé. Ce qu’elle veut, c’est raconter les ombres qui grandissent, les flottements entre deux souffles, ces anges qui passent, les silences incontrôlables et les murmures du vent dans les serrures.
Et ça donne ce magnifique album, tout en murmures, en échos, en vibrations, en ambiances impalpables et ectoplasmes vibrants de compassion. Superbement habillée des instruments de Julien Vasnier et Boro Tripcevic, arrangée par Julien Bar, la voix de Madjo domine Invisible World du début à la fin. Tantôt en complainte, en appel, en prière, en chœurs, il y a de la magie dans son chapeau, chaque morceau est comme une incarnation d’un nouveau souvenir.
Imaginez une de ces vieilles bâtisses faites de pierres assemblées. Une de celles que vous croisez au milieu de nulle part, sur la route des vacances par exemple. Lors d’une balade derrière un col, après avoir franchi un ou deux ruisseaux, vous demandant de quoi ses eaux vrombissantes pouvaient bien être peuplées. Vous vous retournez pour contempler le chemin parcouru, et votre souffle est coupé par le paysage que vous qualifiez immédiatement de grandiose, ça change du béton et du goudron vous dites-vous.
Une pause. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes d’émerveillement que vous sentez un souffle bienveillant vous caresser la nuque. Votre regard suit la rumeur et se pose sur une bicoque cachée entre les troncs. Vous vous approchez. Et tenez compagnie aux spectres de ces lieux encore habités. Chut.
C’est ce que Madjo semble susurrer de sa voix chaude et vibrante. C’est ce que ses basses et ses percussions scandent doucement. C’est ce que ses phrasés en boucle murmurent. Les murs sont là pour raconter. Ils ne veulent qu’un peu de compagnie.
Madjo vous donnera des envies de retour à l’état sauvage, des besoins d’explorations de vieux souvenirs, une irrépressible envie de charger le quotidien de sens que les murs pourront raconter, mais chut, écoutez, la voilà.
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