Performance réalisée par Alfonso Baron et Luciano Rosso dans une mise en scène de Hermes Gaido.
Après Avignon, "Un Poyo Rojo", succès pérenne de la scène argentine, prend ses quartiers d'automne à Paris avec sa tonalité aussi hilarante que "caliente".
Un prologue "athlétique" avec, placés de chaque côté de vestiaires métalliques, deux hommes, qui pratiquent un entrainement sportif précède la représentation. Non un simulacre mais de véritables exercices d'échauffement qui révèlent une laxité et une condition physique hors du commun.
Ce qui s'avère indispensable en raison des contraintes qu'ils vont, une heure durant, imposer à leur corps, un corps qui est le seul véhicule de cet opus de "teatro fisico", à entendre dans tous les sens du terme, et qui est au spectacle ce que la curiosité est à l'art.
En effet, il ressort à la performance qui, sous forme d'une pantomime érotico-burlesque, procède au dynamitage de la stéréotypie masculine, notamment de la virilité et de la rivalité des mâles, et à un décryptage des rituels de séduction, revus à l'aune du renversement de la démarche anthropomorphique, en transposant le comportement animal à l'humain par une sorte de résurgence du cerveau archaïque qui, en l'espèce n'est pas reptilien mais gallinacéen.
Ce spectacle né puis développé à partir d'une improvisation sur le thème du combat de coq, et qui en conserve encore cette ascendance avec un épisode durant lequel le jeu est guidé par un zapping sur le direct du jour des chaines de radio, est une petite merveille de sagacité et de drôlerie jubilatoire.
De la charge d'intimidation à la parade amoureuse en passant par la soumission du vaincu, la technique d'approche et les décharges libidinales, toutes les étapes de cette anthologie du désir sont délivrées avec un humour truculent.
Sous la houlette de Hermes Gaido, qui guide cette dramaturgie des corps, les comédiens-danseurs et performeurs Alfonso Baron et Luciano Rosso, tout en muscles et tendons, ce dernier co-signataire avec Nicolás Poggi, de la chorégraphie syncrétiste qui intègre notamment la danse, faisant le grand écart entre la danse classique et les danses urbaines dont le voguing, et les acrobaties de capoeira.
Et les deux coquelets aux mollets nerveux et au coeur tendre mouillent le maillot en délivrant une prestation ébouriffante. |