Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce La demande d'emploi
Théâtre de l'Epée de Bois  (Paris)  septembre 2015

Comédie dramatique de Michel Vinaver, mise en scène de René Loyon, avec Valentine Galey, Pierre-François Garel, Olivia Kryger et Julien Muller.

En ce début de 21ème siècle, l'univers impitoyable du monde du travail constitue un des épicentres de l'écriture théâtrale, et ce dans tous les registres, de la comédie au théâtre documentaire.

Mais au milieu du siècle précédent, Michel Vinaver, et, en l'occurrence, en 1969 avec "La demande d'emploi", faisait figure de pionnier avec une comédie dramatique qui, de surcroît, et rétrospectivement, s'avère non seulement novatrice mais également prémonitoire et donc d'une actualité sidérante.

Novatrice, car articulée autour de l'interview intrusif auquel est soumis le postulant à un poste de cadre supérieur, , qui, s'il a perdu de son caractère intrusif au regard de sa déclinaison contemporaine qu'est l'entretien de sélection, lequel n'a pas encore atteint l'acmé machiavélique dépeint par Mike Bartlett dans "Contractions", augurait des nouvelles méthodes de recrutement et de management appliquant les principes de la psychologie sociale.

Prémonitoire, en prenant pour cadre une multinationale qui se targue d'exercer une activité qui milite pour le pacifisme et dont, ironiquement le nom commercial - CEVA acronyme de compagnie internationale de vacances animatrices - est celui du dieu hindou de la guerre. Depuis ces entreprises de la nouvelle génération, toujours purement commerciales avec pour finalité unique la réalisation de bénéfices et pour dogme la loi du profit, grâce à des tours de passe-passe marketing, tel, par exemple, le greenwashing, se sont dotées d'une image vertueuse, voire philanthropique.

Enfin, intemporelle parce que Michel Vinaver ne verse pas dans la diabolisation primaire de l'entreprise inféodée au capitalisme libéral ou l'antagonisme existentiel entre l'individu et le système.

En effet, il use d'une dialectique plus subtile, celle de l'individu aux prises avec l'ordre économique qui repose sur sa capacité d'adaptation et son janusianisme entre l'adhésion et le rejet du credo moderne, un credo économique qui, au 20ème siècle scellant la mort de Dieu, se substitue au divin et repose sur la nouvelle trinité que forment le capitalisme libéral, la financiarisation érigeant l'argent-moyen en produit et but et le consumérisme.

Ressortant au théâtre du quotidien et au théâtre de la parole, la pièce intègre, comme toujours dans son oeuvre une dimension mythique qui la rapproche de la tragédie classique, en l'espèce, biblique avec le thème du paradis perdu, plus précisément de l'homme chassé du jardin d'Eden auquel correspond l'exclusion résultant du chômage.

Par ailleurs, la structure formelle est singulière puisque l'intention de l'auteur est de présenter les différents états du Moi du personnage central - Monsieur Fage, cadre quarantenaire, marié avec un enfant, en recherche d'emploi - selon les schémas posés par l'analyse transactionnelle qui conduiront à son implosion mentale.

Dès lors, l'écriture, éminemment virtuose, calquée sur le mode du flux de pensée, tout en n'étant pas monologale, s'affranchit tant de la linéarité narrative que du discours, de la logique et de la fonction du dialogue pour procéder à l'imbrication et au télescopage de fragments de situations et de conversations qui, de plus, peuvent se répéter à la manière de variations autour d'un même point d'achoppement.

Dans le décor multifonctionnel, impersonnel et intemporel, de Nicolas Sire, un quatuor émérite satisfait ce difficultissime exercice nécessitant une concentration absolue et une écoute attentive pour reprendre la parole "au pied levé" sans hiatus tonal.

Il est dirigé à la baguette par René Loyon qui a orchestré cette partition glassienne parsemée de pauses instantanées, faisant office de diapason, dans le registre du réalisme tempéré.

Valentine Galey est juste et crédible dans le rôle de l'adolescente butée à la rébellion pragmatique et Olivia Kryger, campe, avec uns pointe d'hystérie dispensable, l'épouse à l'esprit petit-bourgeois et culpabilisatrice qui se défausse sur son mari.

Pierre-François Garel, comédien plus que prometteur, déjà remarqué lors de son cursus au CNSAD et tout dernièrement vu dans un exercice diamétralement opposé, époustouflant monologue dramatique ("La dernière idole") est parfait dans le rôle du chargé du recrutement.

Et mention spéciale à Julien Muller qui doit mener de front, en sus de ces angoisses personnelles, et en trilatéral, l'interrogatoire invasif et pertubateur et les doléances autocentrées des membres de sa famille.

Du théâtre de haut vol.

 

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=