A bien y réfléchir, le relatif regain d’intérêt autour du shoegaze, alimenté par la re-formation successive des caciques du genre (My Bloody Valentine en 2008, Slowdive l’an dernier et Ride cette année), semble aussi improbable qu’inespéré.
Il faut bien avouer que mis à part les intouchables My Bloody Valentine, les deux autres groupes, tout comme la plupart des formations affiliées au mouvement shoegaze d’ailleurs, en ont carrément pris pour leur grade. La presse anglaise s’est largement moquée de Slowdive mais aussi de Ride qui, après des débuts fulgurants, est progressivement tombé aux oubliettes. Au-délà de ce qui ressemble fort (au moins pour Slowdive) à du révisionnisme musical, le shoegaze n’a pas attendu ce coup du destin pour continuer d’exister. Depuis plus de vingt ans, il génère des vocations de groupes fascinés par le genre. Récemment au cours de la Conférence de presse de Ride au festival La Route Du Rock, Andy Bell avait souligné que partout où il allait, il trouvait une scène de dévoués au culte des pédales de delay et de réverbération, les outils indispensables de tout bon shoegazer qui se respecte. La France n’est pas en reste et quelques vaillants activistes s’escriment à faire vivre ce style relativement minoritaire dans le paysage musical Français.
Les Bretons de Maria False en font partie. Formé à Lannion dans les Côtes d’Armor, le groupe composé de membres de Venera 4, Dead et Marble Arch, a sorti un peu plus tôt dans l’année son album When. Les plus paresseux compareront ces cavalcades de guitares furibardes et lancinantes ("Shadows", "Ribbon", "Head", "Sand") au mètre-étalon du style, My Bloody Valentine. L’on peut aussi voir Maria False comme un cousin éloigné des Swirlies ou de Ringo Deathstarr. A l’instar de ces derniers, les Bretons se révèlent habiles dans cet art délicat de l’équilibre constant de brouiller les cartes entre la mélodie et le bruit. A cet exercice trop souvent périlleux, Maria False évite l’écueil du "beaucoup de bruit pour rien". L’on sent toujours la mélodie affleurer à la surface de ces guitares trempées dans le plomb. Difficile de ne pas succomber aux imparables, brumeux et monolithiques "Here" et "When" ou encore à l’évidence mélodique de "Blossom" que l’on passerait en boucle dans une utopique et improbable indie shoegaze disco.
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