Aldous Harding
(Spunk Records / La Baleine) septembre 2015
Qui est Aldous Harding ? Une jeune chanteuse néo-zélandaise. Voilà. Que dire de plus ? Qu’on peut facilement lui coller une étiquette de chanteuse folk parce que la guitare, parce que le violon, parce que le dépouillement. Parce que c’est facile, surtout. Alors comment faire un paragraphe de présentation d’une artiste dont on ne sait à peu près rien sans enchaîner les poncifs ? En ne l’écrivant pas.
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Et le silence.
Puis le murmure. Le frôlement des cordes de la guitare, et cette voix. Alors le frisson, les larmes, la douceur qui nous renverse de sa toute puissance magnifique. Alors les chœurs qui nous enrobent, les nuages qui flottent sur un océan de notes. Le violon, le rythme, le changement, et toujours cette voix. Ces voix. Cet accent particulier qui roule les "r", ce chant qui relève de l’incantation, de la prière, cette sensation d’urgence tranquille, la tension qui s’installe, le rêve, envahissant, d’une terre immense qui s’ouvrirait laissant apparaître un paradis étrange peuplé de créatures effrayantes dont on n’aurait pas peur. On est sur le fil. En permanence. Et on danse, emporté par la respiration de cette musique céleste, transporté par l’assurance que la chute n’est pas possible dans cet univers où la gravité semble être absente.
La mélancolie s’installe peu à peu, comme la pluie se fraye un chemin au milieu des pierres, patiemment mais inexorablement, comme l’évidence finit toujours par sauter aux yeux de l’aveugle. Et si la mélancolie peut parfois rimer avec monotonie, elle est ici tellement belle, inattendue, qu’elle nous submerge entièrement sans nous laisser le temps de voir passer le temps.
Et je me rappelle alors que je vais devoir vous parler de cet album, de sa richesse, de la place unique qu’il prend dans le paysage musical actuel, de la vie qui transpire dans l’intention, le tempo, l’interprétation ; et je me demande si je saurai trouver les mots.
[] Stop
Ce qui est sûr, c’est qu’elle surgit dans notre petit monde bien rangé (façon de parler), déconcertante de vérité et de simplicité. Et puisque nous essayons toujours de nous raccrocher à nos expériences passées pour appréhender ce que la vie pose sur notre chemin, je me revois roulant sur une petite route perdue et j’appuie sur le bouton PLAY d’un autoradio qui me joue le premier album de Joni Mitchell, Song to a Seagull. L’instant d’après, je suis à genoux sur une terre qui n’a plus la force de tourner.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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