Monologue dramatique de Eric-Emmanuel Schmitt interprété par Judith Magre dans une mise en scène de Steve Suissa.
Reprise de ce spectacle, "Oscar et la Dame rose", mi-pièce, mi-"seul-en-scène", écrit par Eric-Emmanuel Schmitt et joué dans ses murs, au Rive-Gauche.
Annie Duperey, Danielle Darrieux, entre autres, ont déjà incarné cette "Dame rose", visiteuse de petits malades, et secrètement amoureuse de l’un d’entre eux, Oscar, enfant cancéreux, précoce dans la vie et dans la mort, à qui elle va faire rencontrer Dieu, l’air de ne pas y toucher, en racontant de fantasques histoires sur son passé.
Judith Magre, monstre sacré, diva, Callas du chant parlé, reprend ce rôle et l’on pressent, intuitivement, que Schmitt a trouvé en elle son personnage pleinement accompli et déployé.
L’immense comédienne prend le risque d’une émotion insurmontable, fend la statue de déesse, oscille, hésite, ravale des larmes, donnant à cette "Mamie rose" une humanité chancelante, rayonnante, avec un visage de gaîté impossible, d’angoisse surmontée, de don, pour accompagner l’enfant jusqu’à l’entrée du tunnel.
Passent des personnages - une enfant "bleue" qu’Oscar aime et désire, ce flux de vie, un hydrocéphale, un obèse affamé - et se déroule, en accéléré, le film d’une vie si brève.
La mise en scène de Steve Suissa cerne l’émotion sans la troubler, Judith Magre s’expose, dangereusement, éperdue, généreuse, déchirée et heureuse. Eric-Emmanuel Schmitt sait décidément charmer, remuer et parcourir. |