Spectacle de théâtre musical conçu par Arnaud Cathrine, Ninon Brétécher et Anna Mouglalis, interprété par Anna Mouglalis et Vincent Artaud dans une mise en scène de Ninon Brétécher.

Voix rauque de fumeuse, look négligé de fille mal dans sa peau qui cherche les embrouilles plutôt que les aventures, Anna Mouglalis s'avance au devant de la scène où trône en son milieu un arbre, un ficus d'après certains spectateurs. Le sol qui l'entoure est recouvert de terre.

A gauche du ficus, un musicien vient de plaquer quelques accords lancinants avant que l'actrice n'entame son monologue en interpellant quelqu'un d'imaginaire dans le public.

Le texte d'Arnaud Cathrine est une longue plainte qui colle parfaitement, trop parfaitement peut-être, à ce que l'on s'imaginait coller avec la personnalité d'Anna Mouglalis. Parfois, celle-ci tente de chanter. La fêlure parlée devient alors lamentation intimiste, mélodie de chatte blessée qui murmurerait dans un disque post Velvet Underground.

Spectacle tout en énergie, parfaitement dessiné par Ninon Brétécher, "Sérénades" n'est pas propice aux surprises.

Si l'on est sensible à ce lamento d'écorchée vive, on pourra même y trouver des moments d'émotion. Si l'on estime, au contraire, que ce trafic de sentiment ne contient rien de neuf et ronronne dans des sphères très attendues, on restera de marbre devant ce projet où chacun fait le métier.

Spectacle arty académique et trop balisé ou performance sans filet dans laquelle Anna Mouglalis se livre à nu, les opinions seront inconciliables.

Sans chercher une impossible synthèse entre ces avis opposés, on se demandera si l'on n'est pas devant de jolies variations sur un même thème qui n'ont pas pour ambition d'aller jusqu'à leur paroxysme. Tout comme la musique de Vincent Artaud, qui suggère plus qu'elle ne résout, les mots d'Arnaud Cathrine partent sans espoir d'un retour quelconque.

Cette modestie est forcément décevante et, dans la nuit automnale, ces "Sérénades", pourtant jamais désagréables, s'évanouissent comme des bulles qui se cacheraient pour éclater.