Comédie de Léonore Confino, mise en scène de Catherine Schwab, avec Marc Lavoine et Géraldine Martineau.
Après "Building" qui explorait le monde de l'entreprise et "Ring" qui décapait celui du couple, Léonore Confino s'attache dans "Le Poisson belge" à l'enfant qui vit à demeure en chacun de nous.
Son écriture énigmatique, dure, onirique et très particulière confronte deux solitudes, celle de Grande Monsieur, avec sa vie derrière lui, ses grosses boucles d'oreille, ses "dates" ratées et ses sachets de soupe deshydratée, et Petit Fille, lutin mutin en cavale, blessée par le dureté du monde, qui trouve refuge plus que de raison dans le silence des profondeurs aquatiques.
Si le thème de la rencontre improbable n'a rien d'original, son traitement par Léonore Confino déroute tout autant qu'il séduit. Dialogues saccadés, séquencement de l'intrigue, tirades laissées sans réponses, dosage subtile entre réel et imaginaire, présent et passé, laissent le spectateur sur la touche ou le happent inexorablement.
L'admirable prestation de Marc Lavoine qui fait ici ses premiers pas sur les planches dans un jeu tout sauf naturaliste et surtout de Géraldine Martineau absolument époustouflante dans l'exercice délicat de l'incarnation d'un enfant par un adulte, contribuent au succès de ce spectacle qui tient beaucoup à la crédibilité de la connivence entre les deux protagonistes.
Catherine Schaub, à la direction d'acteur, a su exploiter ce qu'il y a de féminin et de fragile chez le séducteur charismatique, de grave et de profond dans l'énergique jeune comédienne et signe une mise en scène impeccable qui joue tout à la fois sur l'aspect oppressant de l'univers de Léonore Confino, la violence de son propos et la poésie tendre distillée tout au long de la pièce.
Il en résulte un spectacle ambivalent, subtile, tendre, drôle, dur et émouvant dont le dénouement, magnifique, ne peut laisser indifférent. |