20 mars 2005, les Blood Brothers sont à Paris pour un concert à la Maroquinerie. Il ne m'en fallait pas plus pour sauter sur l'occasion de rencontrer l'un des groupes les plus originaux et novateurs de la scène punk-hardcore U.S. Leur dernier album Crimes, est tout bonnement génial. Il aurait été criminel de laisser passer une occasion pareil.

Rencontre avec Mark Gajadhar (batteur), Morgan Henderson (bassiste à la coupe afro qui s'endormira pendant l'interview) et Johnny Whitney (chanteur à la voix quasi féminine).

La dernière fois que vous étiez à Paris, c'était en première partie des Liars. Ce soir vous êtes en tête d'affiche, ca doit être cool non ?

Johnny Whitney : Ouais, c'est cool. On n'a pas encore joué, donc on ne peut pas encore juger.

Elle a commencé quand la tournée européenne ?

Johnny Whitney : Elle a commencé il y a 5 jours.

Que savez vous de votre succès en France ?

Johnny Whitney : La seule chose que je sais c'est ce qui c'est passé la dernière fois (en première partie des Liars). Il y avait quelques personnes, c'était un concert amusant. Il semblait qu'il y avait des gens qui nous connaissaient.

C'est important pour vous de venir en France, ou est-ce plutôt une obligation promotionnelle ?

Mark Gajadhar : On adore venir ici !

(ndlr: référence à une interview parue dans Velvet magazine, dans laquelle ils semblaient distants par rapport aux manœuvres de marketing de leur label Island/ Universal)

Johnny Whitney : Quand on est à Paris, où on passe 12 heures en moyenne, passer 2 à 3 heures à faire des entretiens quand on pourrait être dehors c'est chiant, mais l'entretien même ne nous dérange pas.

Morgan Henderson : On est quand même coincés dans une très belle ville !

Pensez-vous appartenir à une scène particulière ? La scène de Seattle par exemple ?

Johnny Whitney : Je ne pense pas. On est en tournée tellement souvent qu'on ne reste pas fixés à Seattle. Je pense que c'est dur de cataloguer notre musique, tu ne peux pas nous appeler une bande screamo, ou emo, ça n'a pas vraiment de sens. Ce n'est pas à moi de décider dans quel genre on devrait être.

Vous semblez tout de même proche dela nouvelle scène de Seattle avec des groupes comme These Arms Are Snakes, Pretty Girls Make Graves, Minus The Bear…

Mark Gajadhar : On a déjà tourné avec TAAS et avec Pretty girls… C'est tous des gens qu'on voit dans la ville régulièrement, c'est des amis, notre prochaine tournée américaine c'est avec Big Business (ex-Carve et Murder City Devils)

Ce soir vous jouez avec qui ?

Johnny Whitney : White Circle Crime Club de Belgique.

Quelle est la chose la plus bizarre que vous ayez lue sur votre musique?

Mark Gajadhar : "Screamy Jazz-fusion" mot à mot une Fusion de Jazz-Gueulante

Votre dernier album, "Crimes" semble assez psyché…

Mark Gajadhar : Celle là c'est la plus bizarre (rires)

… comment s'est concrétisée l'idée ?

Johnny Whitney : C'était comme les autres albums : nous… en train de glander et de faire de la musique. Une chose était assez différente, nous avon écrit "Crimes" en tournée et donc on se trouvait plus en terrain familier. De mon point de vue, écrire "Burn piano island, burn" (leur 3 ème album) était très stressant… sachant qu'il y avait beaucoup d'argent investi. Mon état d'esprit était différent, je ne pense pas que mes intentions étaient aussi pures que pour "Crimes". Mon état d'esprit était donc plus ouvert sur "Crimes". Nous en train de faire la musique et de trainer ensemble...

MH : On avait tourné tellement, qu'on était tous content de se poser et composer.

Est-ce que l'évolution de "Burn..." vers "Crimes" fut un processus d'intentionnel ou de naturel?

Johnny Whitney : Les deux. On avait parlé de faire des chansons plus succinctes, plus courtes ("Trash flavored trash", "Beautifull horses"). Des chansons courtes et "punky", mais surtout… on a juste fait de la musique, c'est pas plus compliqué que ça.

Et le processus d'enregistrement, plus court ou plus long ?

Tous : Plus court.

Johnny Whitney : Ca a duré 2 mois ou quelque chose comme ça. On a écrit beaucoup de chansons, 20 chansons, tandis que pour "Burn... "toutes les chansons qu'on a enregistrées ont fini dans l'album.

Vous avez réaliseé 4 albums en 4 ans, c'est très prolifique non ?

Johnny Whitney : Oui, je suppose. On est un groupe qui existe depuis 7 ans en même temps donc au final c'est plutôt normal.

Vos paroles sont comme des histoires très bizarres, peux-tu nous expliquer ton processus de composition ?

Johnny Whitney : C'est comme toute chose… quand je n'ai pas vraiment d'idées, j'ouvre n'importe quel livre, et je tire des mots un peu aléatoirement (rires). Mais la plupart du temps, je m'assieds et j'essaye de me concentrer.

Vous êtes deux chanteurs, qui écrit les paroles ?

Johnny Whitney : Les deux.

"Burn..." a été enregistré par Ross Robinson (Slipknot, At the drivc-in , Glassjaw...), "Crimes" avec John Goodmanson, pourquoi avez-vous changé ?

Johnny Whitney : On voulait juste changer. On avait l'impression qu'un autre album avec Robinson aurait fait de nous "le groupe de Ross Robinson" et ça ne nous intéresse pas. En plus on voulait enregistrer avec John.

R. Robinson a cette réputation de vouloir le meilleur des groupes qu'il produit même s'il doit être dur avec les groupes, c'est vrai ?

Morgan Henderson: Mais c'est souvent le cas des producteurs. Ross a cette réputation de vouloir ressortir le meilleur des gens malgré eux, mais ce n'était pas le cas avec nous, on a juste joué.

Johnny Whitney : De mon point de vue il a surtout voulu analyser les paroles et ma voix, "s'investir dans ma prestation vocale" et quand j'y pensais, je ne sentais pas que je chantais correctement. Travailler avec John était assez rafraîchissant.

C'était trop de pression ?

Johnny Whitney : Ouais, plus ou moins. Penser sur quelque chose qui est surtout une performance, ce n'est pas très utile.

Donc c'était la première et la dernière fois que vous avez travaillé avec lui ?

Johnny Whitney : Probablement oui.

Est-ce que "Crimes" fût une déclaration que vous vouliez faire, en changeant, musicalement ?

Johnny Whitney : C'était autant une déclaration que n'importe quel autre album. C'est représentatif de notre état d'esprit collectif, dans l'instant.

Morgan Henderson: Ca c'est ce qu'on aime maintenant. Je ne crois pas qu'on fera un deuxième "Crimes" la prochaine fois.

Est-ce que cette tournée sera aussi longue que celle pour "Burn..." ?

Johnny Whitney : La tournée de "Burn..." a commencé avant qu'il ne sorte au public et en même temps on n'avait pas fait une tournée pour "March on an electric children" (leur 2 ème album), donc on a fait beaucoup de concerts. Je crois qu'on continuera jusqu'en automne, après on refera un album !

Vous avez des nouveaux morceaux ?

Johnny Whitney : (Confusion générale) Oui et non quoi (rires) !

Il y a quelque chose qui m'intrigue :votre nom, les Blood Brothers, ce n'est pas une référence aux Blues Brothers ? (rires)

Johnny Whitney : Si ! Enfin, pour quelqu'un qui comprend, ça devrait l'être (rires). Non, C'est juste un nom.

Ok, merci à vous. Bonne chance pour le show.

Johnny Whitney : Merci, à tout à l'heure.