Spectacle d'humour écrit, mis en scène et interprété par Fred Blin, Matthieu Pillard et Ricardo Lo Giudice dans une mise en scène de Karim Adda et Raymond Raymondson.
"Un spectacle intelligent pour ceux qui ne veulent pas réfléchir". C'est ce qu'on peut lire sur l'affiche des "Chiche Capon" et l'on a tout de suite envie d'ajouter : "ils sont quatre et ils ont autant d'esprit que quarante académiciens".
Intelligents, les Chiche Capon ? Certainement, sinon ils n'auraient pas trouvé leur "raison sociale" à Saint-Agil, dans une salle de classe où trônait Martin Squelette. Il faudrait cependant leur signaler que les Chiche-capon inventés par Pierre Véry et qui disparaissaient mystérieusement à Saint-Agil n'étaient que trois. Qui, alors, est de trop parmi eux ?
Est-ce Ricardo, le musicien bon gars ? Patrick, le maigre, créature de bande dessinée élastique aux déplacements improbables ? Frédéric dit Fred, le beau gosse à la voix de fausset ? Mathieu qui a quelque chose de Michael Palin et qu'il l'ignore puisqu'il croit avoir quelque chose de Roy Atkinson ?
Allez. On passera pour cette fois : les Trois mousquetaires étaient bien quatre... comme les Chiche Capon.
Et puis, une chose est sûre : les bestiaux sont talentueux. Dès qu'on les découvre les uns après les autres, on les adopte immédiatement. Cette empathie instantanée, c'est un sacré plus et ça les range tout de suite dans le rayonnage des grands.
Oui, soyons fous comme eux : il y a dans ce groupe préposé au non sens un arrière-petit goût de Marx Brothers. Ils pratiquent leur art avec une folie aussi contagieuse que celle que mettait dans leurs shows les trois furieux frères.
Improvisateurs hors pair, capables de faire passer de multiples incidents techniques pour des choses contenues dans le spectacle, les Chiche-capon sont d'abord drôles. Ensuite, ils sont drôles et pour finir ils sont drôles. Mais certains drôles leur reprochent leur goût du comique de répétition.
On ne les suivra pas et on saluera plutôt toute leur palette comique. Ils savent étirer des gags jusqu'à tard dans la nuit, ils n'hésitent pas à les téléphoner ou à les rater exprès. Même quand ils se hasardent dans la poésie, ils cherchent le gag qui préserve de l'émotion facile. Ils n'aiment pas le mièvre, surtout celui du samedi soir.
Un grand hebdomadaire de programmes télé, qui parle de tout sauf de télé, leur reprochait leur "humour potache". C'est au contraire ce qui est appréciable chez eux, ce goût du gros humour qui potache, bien plus difficile à imposer sur la durée que le rire réaliste d'observation.
Créatifs jusqu'au bout des cheveux, musiciens et acrobates, capables de se transformer au-delà du ridicule, ils n'ont pas "leur" univers propre, mais s'approprient toutes les planètes qui leur passent par la tête.
On en redemande avant même que le spectacle s'achève. Contrairement à ce qu'ils annoncent, le public ne sort pas de chez eux avec un cerveau disponible pour la médiocrité du dehors. Au contraire, il a gagné des neurones joyeux et quelques points de QI, car, grâce aux Chiche Capon, l'imagination est au pouvoir et leur bonne bêtise chasse la mauvaise. Un régal. |