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Erwin Wagenhofer  octobre 2015

Réalisé par Erwin Wagenhofer. Autriche/Allemagne. Documentaire. 1h48 (Sortie le 21 octobre 2015).

Avec "We feed the World" (2005) et Let's Make Money (2009), le cinéaste autrichien Erwin Wagenhofer est devenu l'un des meilleurs documentariste européens.

Très critique du système libéral, il en décrit tous les maux, toutes les perversions, tous les dangers. Son travail a une vertu : il repose sur des exemples solides et sur des témoignages incontestables. Sérieux, appliqué, pas très client des images chocs, il cherche à convaincre plutôt qu'à asséner sa vérité.

Après avoir dénoncé l'agro-business et les dérives boursières, il a décidé de s'attaquer avec "Alphabet" au système éducatif.

L'une des personnes qu'il interviewe explique qu'à 2 ans, 98 % des enfants sont capables de formuler une réponse pertinente à une question autrement que par le raisonnement attendu. Cette manière "divergente" de fournir la réponse est ce qu'on pourrait appeler le génie. À 25 ans, ils ne sont plus que 2 % à passer par un autre chemin que celui qui est conforme... Entre les deux âges de référence, il y aura eu la normalisation des esprits par la scolarité et la compétition qu'elle engendre.

"Alphabet" d'Erwin Wagenhofer fait un constat effrayant : l'école n'est pas là pour ouvrir les esprits à l'amour de la connaissance, elle est conçue pour "éduquer" les jeunes humains, les réduire à répondre aux sollicitations de la production et de la consommation.

C'est en Chine qu'il commence un tour du monde qui donne le vertige. En Chine, où la sortie du communisme a transformé l'école en une machine infernale au service de la compétition économique. Qu'on se souvienne du fameux classement de Shanghaï, des "olympiades des mathématiques" dans lesquels s'affrontent des enfants transformés en singes savants devant ingurgiter très tôt le savoir mathématique.

Un pédagogue chinois, navré, malheureux, raconte ainsi comment l'enfant chinois n'est plus qu'une machine à apprendre, avec pour corollaire une toute-puissance des sociétés assurant un accompagnement scolaire, dont la cote en bourse ne cesse de grimper au même titre que le taux de suicide des enfants chinois.

"Alphabet" d'Erwin Wagenhofer ne fera pas plaisir non plus à ces parents qui sont pour un apprentissage précoce de la langue anglaise et pour une initiation à l'informatique dès la maternelle. Ici, on leur répondra qu'à deux ou trois ans, il vaut mieux développer des capacités d'écoute et d'observation et de donner aux enfants l'envie de découvrir par eux-mêmes le monde qui les entoure.

Parmi les intervenants qu'il a choisi, Erwin Wagenhofer s'est gardé de ne choisir que des marginaux. Si l'on excepte Arno Stern, personnage qui a l'utopie chevillée au corps et qui s'attaque à l'école traditionnelle au point de n'avoir jamais fait scolariser son fils André, il a interrogé des spécialistes loin d'être des révolutionnaires.

Ainsi, Thomas Sattelberger, qui a été longtemps DRH dans d'importants groupes allemands comme "Deutsche Telekon", explique que durant les quatre décennies où il a sélectionné des candidats, il n'en a pas connu énormément qui n'avaient pas été broyés par l'école. À son image, Sir Ken Robinson, spécialiste des questions d'éducation, admet que l'éducation est antinomique de la créativité chez les enfants, qu'elle la détruit plutôt qu'elle ne permet son épanouissement.

Dense dans son propos, jamais ennuyeux dans sa forme, "Alphabet" d'Erwin Wagenhofer pose beaucoup de questions. Il va même -hérésie suprême ! - jusqu'à démentir les bons chiffres du chômage germanique en suivant ce jeune garçon à qui on a refusé une formation mais qui doit accepter de travailler comme vigile la nuit... pour un euro par heure. Les minutes que le cinéaste lui consacre devraient être projetées à tous ceux qui voient dans le modèle allemand la panacée anti-crise.

Pas la peine d'en dire plus : "Alphabet" d'Erwin Wagenhofer est un film salutaire qui donnera envie à quelques-uns de se bouger avant d'accepter que le dressage scolaire ne rendent leurs enfants à jamais dociles.

En tirant les leçons de ce qu'il décrit, Il est peut-être encore temps d'éviter qu'ils n'aient pour seul avenir les allées d'un entrepôt qu'ils surveilleront, torche électrique en main, pour la modique somme d'une dizaine d'euros par nuit.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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