Pagans In Vegas
(MMI / Crystal Math Music) septembre 2015
Avec Metric, Emily Haines a toujours navigué entre deux eaux. En créant des titres largement articulés autour de refrain pop très accrocheur et des synthés new-wave, elle faisait basculer sa musique sous la labellisation "indie-rock" faute de mieux.
Et durant la décennie pendant laquelle Metric sortait album après album, le groupe pouvait se targuer de posséder sa marque de fabrique : un son électro-digital unique. Mais finalement rattraper par le temps, les modes et les consommateurs, Emily Haines et sa joyeuse bande se retrouvent soudainement au pied du mur.
Pagan in Vegas fait donc l’effet d’une mise à pied. Ce qui jadis se constituait comme un condensat d’originalité, se voit maintenant réduit à peau de chagrin. Non pas que Pagan in Vegas soit un mauvais opus, loin de là, mais la sensation d’assister à un marathon ayant lieu sur un tapis roulant met les oreilles mal à l’aise.
Pourtant, le groupe n’est pas avare en efforts, PIV s’essaie courageusement à la dénonciation de nos sociétés connectées. Hélas, ce cheval de bataille étant de plus en plus couru par un nombre grandissant d’artistes, le message rate son audience. Ou peut-être est-ce là le véritable but de l’opus : produire un cycle de répétitions dénaturant peu à peu le son, jusqu’à l’expression de son strict minimum. Cette pantomime devient clairement palpable à l’écoute sur les deux titres instrumentaux, "The Face" ("Part I" et "Part II") morceaux réduits à l’exploitation de rythmiques 8-bit et d’orgues et prônant faussement un retour à la simplicité. Un concept qui n’a jamais su se frayer de véritable espace dans les productions de Metric.
Fort heureusement, certaines d’entre elles tirent leurs épingles du jeu, s’érigeant plus facilement que de par le passé, autour de la voix de Emily Haines ("The Governess"). Et ceux, même quand l’électronique menace d’occuper tout l’espace ("Cascade") au risque de n’offrir qu’un titre un peu fantoche ("Other Side"). Vous l’aurez compris, Pagan In Vegas ne s’adressera pas à un large public et même les fans du groupe nécessiteront plusieurs écoutes avant de profiter pleinement de leurs sessions d’écoute.
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