Comédie dramatique de de Franz–Xaver Kroetz, mise en scène de Didier Perrier, avec Mélanie Faye et Laurent Nouzille.
Un couple modeste : elle est vendeuse, il est livreur. Malgré leurs rêves de piscine, de voyage ou de tout ce que leur fait miroiter la publicité, ils sont heureux et l’harmonie du couple passe par une bonne communication.
Tout va basculer quand elle lui annonce qu’elle est enceinte. Ils se mettent alors à faire le compte de tout les dépenses qu’ils vont devoir faire et de tout ce dont ils devront se priver.
Ecrite en 1972, la pièce de Franz-Xaver Kroetz est éloquente de lucidité. A travers ce drame banal de la pauvreté et de ce couple asservi au matérialisme et à l'image idéale que leur impose la norme, "Haute-Autriche" est une puissante critique acerbe de la société qui ne laisse pas indifférent.
La mise en scène brillantissime de Didier Perrier qui n'a pas son pareil pour évoquer la vie des petites gens sert ce drame de la meilleure façon qui soit. Avec ses projections sobres (sur un rideau de fil devant l’appartement du couple) et ses intermèdes musicaux, il crée un univers qui met en valeur le destin du couple Anni et Heinz et donne relief et dramatisation au texte cruel et de Kroetz.
Chaque partie étant proposée d'un angle de vue différent, tel un kaléidoscope qui, en tournant compose d'autres images, elles reconstituent au bout du compte le parcours mental des deux protagonistes et l'évolution de leurs réflexions, confrontés à ce choix inattendu qui va ébranler le fragile équilibre du couple.
Le réalisme du début laisse progressivement la place à un climat aussi fantastique qu'inquiétant dans lequel on sent le drame pointer. La présence de Chantal Laxenaire en avant-scène, interprétant des standards du rock, accentue encore l’ambiance délétère qui s’installe.
Mélanie Faye et Laurent Nouzille, formidables, dirigés au cordeau par Didier Perrier, composent un très beau couple, lisse en apparence mais qui laisse voir peu à peu toute sa complexité. Le moment de la pièce (quand tout se met à vaciller pour Anni) où elle interprète une déchirante version de "Rock’n roll suicide" de David Bowie est tout simplement époustouflant, résumant parfaitement l’état de son personnage.
Un remarquable moment de théâtre d’une phénoménale intensité à voir absolument. |