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Andy Guérif  novembre 2015

Réalisé par Andy Guérif. France. Tableaux bibliques. 1h (Sortie le 18 novembre 2015). Avec Jérôme Auger, Mathieu Bineau Mathieu Bineau, Jean-Gabriel Gohaux, Paul Benetea, Guillaume Boissinot, Pierre Josse, François Guindon et Gregory Markovic.

Dire qu'un film n'a jamais été fait, qu'il tranche avec la production courante ou qu'il est d'une originalité radicale, est une figure de style employée assez souvent. Depuis 1895, il semble donc que tout ait été dit cinématographiquement, et que réaliser c'est redire autrement ce qui a déjà été dit.

Mais, parfois, apparaît une œuvre vraiment extraordinaire qui prend à rebrousse-poil tous les blasés.

C'est sans contestation possible ce qui arrive avec "Maestà" d'Andy Guérif, objet filmique non identifié qui, littéralement, laisse baba, pantois, la bouche ouverte. Qu'un cinéaste issu des Beaux-Arts ait décidé de reconstituer un retable représentant la passion du Christ en 26 tableaux renvoie à des projets artistiques, pas vraiment à des films emblématiques du 7ème art.

Automatiquement, on pensera au Palais idéal du facteur Cheval, aux écrits de Raymond Roussel, à certaines productions de l'art brut, à toutes ces œuvres hors système produits par de grands esprits purs, fous ou naïfs. Puis, à la réflexion, on n'imagine pas qu'un tel projet soit issu d'un esprit complètement hors rationalité. On pense alors plutôt à "La vie mode d'emploi" de Georges Perec, à une construction ludique, logique et libertaire.

L'idée de reconstituer les 26 saynètes qui composent "La Maestà", le retable peint par Duccio di Buoninsegna entre 1308 et 1311 et que l'on peut contempler au Museo dell'Opera Metropolitana del Duomo à Sienne, nécessitait à la fois une sacrée rigueur et un damné humour.

Il aura fallu sept ans à Andy Guérif pour parvenir à son but inattendu car chacune des scènes reconstituées impliquait de construire un décor spécial et une multitude de figurants pour composer ces "tableaux vivants".

Ce qui frappe de prime abord, c'est la parenté avec des "primitifs" du cinéma. L'idée de raconter les grandes heures du christianisme était naturellement venue à l'esprit des "pré-cinéastes" qui mettaient en images la crucifixion du Christ ou son procès.

Mais "Maestà" d'Andy Guérif n'illustre pas seulement le retable, il l'anime, fait passer les personnages d'une "case" à l'autre, au besoin reconstitue plusieurs actions censées se dérouler en parallèle. Pour être tout à fait clair, il y a un seul moment où, si l'on fait un arrêt sur images, on obtient le panneau peint.

Pour être encore plus clair, sur l'écran, il y a en permanence le retable, ou plutôt le décor de ses vingt-six panneaux. En général, un seul panneau est peuplé de personnages, celui où se déroule l'action en cours de la Passion du Christ. Il faut ainsi s'imaginer qu'un vingt-sixième de l'écran est occupé et que le regard du spectateur qui suit le film est forcément attiré par cette "miniature".

Voir "Maestà" d'Andy Guérif est donc une expérience unique qui nécessite une attention de chaque instant, d'autant qu'il s'en passe des choses - souvent hilarantes - avant que le cinéaste ne se mette dans les pas parfaits du peintre.

Merveille pseudo-naïve qui travaille autant l'image que le son, "Maestà" est une œuvre totalement dépaysante, voire désarmante. C'est une heure de poésie qui renoue avec ce qu'était le christianisme pour les contemporains de Duccio di Buoninsegna.

Le moment de la Crucifixion, que l'on verra deux fois dans le film, est particulièrement impressionnant. Le bruit fait par le maillet des bourreaux enfonçant les clous dans les mains et les pieds des condamnés, suivi de leurs cris, donne la mesure de l'effroyable horreur de ce supplice. Jamais, même dans les plus sanguinolentes reconstitutions de Jésus sur la Croix, on n'avait perçu ce que crucifier voulait dire.

La première fois que l'on assiste à la mise en croix est au tout début du film. Comme l'on n'a pas encore tout à fait compris les principes formels d'Andy Guérif, on aura tendance un peu à ricaner devant cette manière minimaliste, presque simplette, de montrer l'événement qui va changer l'histoire du monde. Quand on y reviendra, plus tard, dans la logique chronologique du retable, on percevra mieux combien cette simplicité absolue dit formidablement bien l'horreur de cette façon de mourir.

"Maestà" d'Andy Guérif n'est peut-être une époustouflante aberration cinématographique que pour cacher pudiquement qu'il est une grande œuvre chrétienne .

 

Philippe Person         
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Du côté de la musique :

"Your mother should know, Brad Mehldau plays the Beatles" de Brad Mehldau
"Soul tropical" de David Walters
"Embers" de Embers
"Le courage" de Julie Rey et Adrien Desse
"Nuit blanche" de Anodine
"Désequilibre" de Bilbao Kung Fu
"Elements" de Foehn
"La Sagrada" de Natalia Doco
"Red cloud" de Red Cloud
"Isla" de Simon Moullier
et toujours :
"Sound of Eymet" de Adrien Chicot
"O futuro é mais bonito" de Anna Setton
"Vertigo" de Bipolar Club
"W.A. Mozart : The prussian quartets" de Chiaroscuro Quartet
"Principia" de En Attendant Ana
"Charivari" de Marcel
"111" de One Shot
"A very big lunh" de Papanosh
"Brothers & Sisters" de Steve Mason
"Screamers" de Treponem Pal

Au théâtre :

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les reprises :
"Nagasaki" au 100ECS
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