I / III
(Ici d'Ailleurs... / L'Autre Distribution) novembre 2015
Comment parler de Bruit Noir ? Faut-il aborder Mendelson, l’autre projet de Pascal Bouaziz ? Faut-il rappeler que Jean-Michel Pirès en fut l’un des batteurs ? Peut-être le faut-il puisqu’il est à l’origine de cet album ? Faut-il contextualiser ? Introduire de longues lignes documentées pour essayer de préparer le lecteur à mieux devenir auditeur ? Ou peut-être est-il préférable de suivre l’esprit d’improvisation de l’album ? Laisser parler le bruit noir qui hante nos esprits...
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Le jour où j’ai appuyé sur le bouton Play pour écouter ce disque pour la première fois, je marchais dans les couloirs du métro parisien dans un état que Mr Evin aurait probablement désapprouvé, à une heure où la plupart des gens sortent du boulot et prennent le métro pour aller au dodo. Je vous rassure, je n’en étais pas au point de mettre mal à l’aise mes compagnons de voyage en costard, non. Juste dans cet état où l’on n’arrive plus vraiment à empêcher les images d’arriver. Or elles sont nombreuses, puissantes, magnifiques et noires, les images qui traversent ce disque.
Un "Requiem" pour démarrer. Pascal Bouaziz fait son épitaphe, idée forte, sans concession, sans s’épargner. Bande-son dépouillée, industrielle, saisissante. Le duo pose l’idée de ce disque. Chansons ? Manifestes plutôt. Au rythme des machines, percussions vaguement colorées d’un synthé, d’un sax, ou de rien, la voix de Pascal Bouaziz ressasse l’amour qui n’est pas là, le travail déshumanisé à coup de scie électrique, la province au centre-ville mort, les cons, les manifestations qui "s’arrêtent quand il n’y a plus personne à lyncher"… Les yeux sont ouverts sur un monde violent mais le décalage est toujours là, en embuscade, prêt à nous arracher un sourire comme dans "Low cost", ses pannes, ses fauteuils si serrés qu’on a les genoux dans le menton et la tête dans les oreilles passager de devant. "L’humanité toute entière voyage en low cost".
Poèmes en prose dont on se demande d’abord comment ils ont pu naître du chaos avant de réaliser que c’est de ce chaos que naît une forme d’ordre, mots jetés à nos oreilles (presque) sans rage, simplement noirs, le propos file à la vitesse de la pensée sans prendre le temps de se formaliser et prend finalement forme, vient faire écho à nos propres pensées, pénètre dans nos têtes en force, au marteau-piqueur, à grands coups de répétitions, psalmodie du monde moderne.
Mais si le texte est fort, c’est aussi grâce à la musique de Jean-Michel Pirès, initiateur du projet, fou génial qui compose ici un écrin sonore magnifique de noirceur, cambouis et taches. J’ai envie de parler de néo-punk-industriel-minimaliste-new-wave. Ou un truc du genre. Les sons se mêlent aux mots, les portent au point qu’on ne sait plus trop qui nous parle, qui nous traduit l’émotion de l’autre. Est-ce le musicien qui accompagne l’auteur ou les mots du chanteur qui prennent leur source au fond des fûts du batteur ? Le bruit nous entoure, nous encercle de presque rien, balançant les phrases contre nos crânes abrutis, menaçant de nous renvoyer le noir profond de notre humanité, jusqu’à l’adieu final. "Adieu" l’enfant, tué par la violence...
[] Stop
Respirer. Enfin. Vous ne sortirez pas indemne de ce disque, non, ne croyez pas que vous vous en tirerez à si bon compte. Le bruit noir vous hantera car vous trouverez dans ce noir un miroir cruel mais fidèle.
I / III. C’est le titre. Annonce d’un II et d’un III que l’on va attendre avec impatience.
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