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Théâtre National de Chaillot  (Paris)  novembre 2015

Spectacle conçu et mis en scène par Pascal Rambert, avec Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Stanislas Nordey, Denis Podalydès et Claire Zeller.

Dans un quart de gymnase où trône un panier de basket, quatre acteurs sont répartis autour des lignes indiquant la zone de tir des handballeurs où celle des lancers francs des basketteurs.

Les quatre acteurs sont donc quatre joueurs, quatre passeurs susceptibles de se prendre la parole, d'aller en zone défendre ou attaquer quand l'un ou l'autre s'en ait emparé.

Dans ce dispositif, le "susceptible" n'intervient pas. Les quatre discours vont se suivre, se poursuivre, car une part du discours est le texte que l'on répète, l'autre part étant le discours du metteur en scène répété ou remâché différemment par chaque membre du quatuor désigné par son vrai prénom d'acteur.

Cette explication du procédé rambertien dans "Répétition" est important pour la "quiétude" du spectateur qui va aimer ce flot complexe, subjuguant comme une oraison de Bossuet ou lyrique et poétique comme les textes parlés de Léo Ferré.

Car, hélas, celui qui n'est pas préparé reste sidéré par le premier monologue prononcé par Audrey Bonnet, d'une voix forte et péremptoire. Il ne comprend pas forcément tout de suite que "Répétition" n'est en apparence qu'une suite de quatre monologues qui se répètent, se disent et se contredisent.

Alors, au cœur du second flot de mots qui advient, celui qu'Emmanuelle Béart doit faire jaillir plus dans le chuchotement que dans le cri, dans l'intime plutôt que dans le bruit, quand certains spectateurs comprennent enfin le principe de base de la prose rambertienne, ils n'hésitent pas à quitter le navire. On a alors mal pour l'actrice qui a hérité de la part la plus difficile de la partition et qui essuie de plein fouet le logique rejet du texte par ceux qui n'ont pas envie d'entendre des mots qui ne leurs sont pas forcément destinés.

Il faut le dire : "Répétition" est un texte dense, profond, dans lequel l'auteur se livre ainsi que ses acteurs, tous à peu près de sa génération, à un bilan en forme d'introspection sur leur premier demi-siècle.

Car ces néo-quinquagénaires encore et toujours en jeans et en baskets, ces faux jeunes éternels, appartiennent à la génération qui suit celle des soixante-huitards, celle qui lui a longtemps coupé les ailes, a tout fait pour qu'elles ne repoussent jamais.

Enfants des idéologies perdues et des sexualités faussement libérées, ils comptent les points, les poings serrés. Quand l'un d'entre eux parle, ils font comme ici une ronde silencieuse. Ils ne taisent pas : ils parlent des mots silencieux en jouant avec une serviette, en écrasant une petite bouteille d'eau, en s'aplatissant par terre ou en tournant comme des toupies torse nue.

Pascal Rambert a donc choisi de s'adresser à sa seule génération, en espérant que les autres comprendront toute la souffrance rentrée qu'elle vit, prise entre les vrais jeunes et les soixante-huitards.

Contrairement à "Fin de l'histoire" où Christophe Honoré fait assaut de démagogie et de cynisme pour attraper tout le monde dans une auberge espagnole où chacun fait idée de ses lieux communs, Pascal Rambert essaie de trouver une vérité contingente qui aidera à faire émerger une vérité plus large.

Force est de constater que le résultat est puissant. Ce qu'il fait dire à Denis Podalydès, puis à Stanislas Nordey, le quatrième et ultime maillon de sa chaîne, celui qui fait justement le point sur le bilan de cette génération, résonne fortement avec les événements du moment. Il faudrait lire crayon en main le texte de "Répétition" pour en mesurer la profondeur.

C'est en grand moraliste que cet authentique dramaturge annonce des temps nouveaux où il faudra que les corps et les esprits reprennent vie commune. Quatre acteurs, quatre passeurs donc et une attente utopique dont on taira la forme, mais qui est là pour leur dire que la roue tourne, qu'ils n'auront de toute façon pas le dernier mot. Qu'il n'y a d'ailleurs pas de dernier mot quand surgit la grâce, quand surgit la danse.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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