Spectacle écrit et mis en scène par David Lescot, avec Steve Arguëlles, Anne Benoît, Éric Caruso, DeLaVallet Bidiefono, Benoît Delbecq, Marie Dompnier, Camille Roy et Théo Touvet.

Revue ? Succession de sketchs ? Spectacle total ? Fourre-tout ? Laboratoire de recherche interdisciplinaire ? Fusion des genres ?

Avec ses "Glaciers grondants" mystérieux et multiformes, David Lescot livre en "live" une copie synchrone sur la COP 21. D'autant plus synchro qu'elle intègre les derniers événements ayant eu lieu le jour même de chaque représentation à cette fameuse conférence sur le réchauffement climatique qui se tient à Paris-Le Bourget.

Tout commence un an avant la Cop, quand Eric Caruso est contacté par un célèbre journal qui lui demande un papier sur le sujet. Il devra le livrer en pleine conférence. " Les Glaciers grondants" sera donc le récit en apparence linéaire de ces recherches et interrogations pour confectionner son article.

Sur un plateau dépouillé, avec un fond aux belles couleurs changeantes, Alwyne de Dardel n'a placé que la batterie de Steve Argüelles et la guitare de Benoît Delbecq... ainsi qu'un frigo blanc.

Mais à l'avant de la scène vont se succéder des tas de choses. David Lescot convoque danse, musique, théâtre et cirque pour son grand méli-mélo d'informations, de propositions, de contradictions.

Car, pendant son année studieuse, Eric Caruso croise des savants, en rate d'autres. Il interroge des connaissances et approfondit les siennes. Il n'oublie pas non plus de vivre sa vie, d'être bien et d'être mal, d'écouter les médias et de faire une intense minute de silence le 13 novembre 2015.

Evidemment, s'il y aura des hauts, il y aura aussi des bas. Et à l'intensité de ses conversations avec Théo Touvet, surdoué total, puisqu'il est à la fois élève de l'école du cirque de Châlons et de polytechnique, ce qui l'a conduit à travailler à la Nasa, succède l'inutilité de la reconstitution d'une interview de Ségolène Royal. On pourra aussi trouver superflu le récit parallèle des problèmes de couple d'Eric Caruso.

Pas sectaire, "Les Glaciers grondants" donnent aussi bien la parole aux écolos purs et durs qu'à un bien intéressant pépé flingueur écolo-sceptique.

On y verra un fugace instant François Hollande et Angela Merkel, Théo Touvet se déployer dans un grand cerceau, un ours blanc, de très beaux mouvements de danse de Dealavallet Bidiefondo et Ingrid Estarque. On y entendra la musique des sphères électrifiées de Steve Argüelles et Benoît Delbecq, la voix qui porte d'Anne Benoît et un discours finalement distancié sur la catastrophe annoncée.

Tant qu'on peut mettre en scène le monde, y a encore de l'espoir semble dire David Lescot en riant tout de même un peu jaune. Et puis, même si la banquise fond, il reste la possibilité de reconstituer un mur de frigos, c'est-à-dire de quoi faire beaucoup de glaçons pour remplacer les glaciers...