Pour une large majorité de la population gauloise et prérévolutionnaire, Mazarin fut un proche de Dieu avant d’être ministre pour roi frisé. Pour une autre partie de la population, il est un mot qui permet de caser ce foutu z qui m’encombre depuis le début de la partie. Et pour les autres, c'est-à-dire nous, il est un artiste troubadour échappé de La Casa.
Il n’est plus débutant depuis longtemps et peut même se vanter d’avoir contribué au succès d’Hubert-Félix Thiéfaine pour qui il composa deux morceaux. C’est donc avec Lucas Thiéfaine aux sons que Pierre Le Feuvre (que nous appellerons désormais Mazarin) élabore La Croisée des Chemins, ce premier album solo.
Sorti cet automne, l’album se prête aux ralentis de la froide saison. Dans le givre et la brume d’une balade fantomatique aux accords électriques, Mazarin chantonne ses petits bouts de vie et ses moments de solitude. Un beau moment au coin du feu en pensant au soleil qui chauffe parfois un peu trop.
De l’éléctrique-électronique, mais pas de trop, juste assez pour faire tenir l’ensemble de cordes et de vibrantes qui oscillent ensemble comme les inimitables balancements des épis de blés sous une douce brise de fin de saison. Un poil de pulse pour le rythme, doux et entraînant, sans bousculade et en harmonie avec les battements du temps. Le son de Mazarin butine les tympans avec des chatouillis de notes qui gazouillent et qui clapotent autour de la voix du chanteur.
Oui mais c’est quoi, la croisée des chemins ? Une carte routière ? Le croisement impossible à trouver auquel il faut à tout prix bifurquer si tu ne veux pas te perdre dans la cambrousse ? Oui, un peu.
"Comme il arrive, comme il vient, le jour ou l’on se perd à la croisée des chemins repartir à tombeau ouvert" ("La croisée des chemins")
"A l’ombre je le finirai pas, à l’ombre je ne tomberai pas, j’ai bien d’autre à faire que de rester là" ("A l’ombre")
"Mon ami ne baisse pas les bras, redeviens le bagarreur d’antant et défends toi, les longues distances ne nous font pas peur, tiens bon, regarde dans le viseur" ("Notre place au soleil")
"Laisse toi porter par les eaux vives jusqu’à l’autre rive, entame la transhumance, oublie que ton cœur saigne, espérer juste un instant avoir la tête dans les nuages" ("La tête dans les nuages")
"C’est juste de la pluie qui emporte tout, juste quelques larmes qui tombent en gouttes"
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