Que reste-t-il de la pop baroque ? Combien de musiciens intègrent pleinement une instrumentation classique (cordes ou vents) à leur structure pop ? Sasha Siem en fait partie.
Née à Londres d’une mère sud-africaine et d’un père norvégien, c’est dans la capitale Anglaise qu’elle a grandi dans un milieu social très aisé avec une éducation classique et où elle a appris, tout comme son frère devenu un violoniste émérite, la musique (le piano et le violoncelle). Plutôt érudite, elle a étudié la musique et la poésie à l’Université de Cambridge et à Harvard. Tout se déroule bien pour elle puisqu’à 20 ans à peine, elle avait déjà composé pour le London Symphony Orchestra, The Royal Opera House, the London Philharmonic Orchestra et pour de nombreux autres orchestres, notamment en Norvège. Elle est également la plus jeune à gagner le prestigieux British Composer Award en 2010 !
Quand un musicien avec un tel pedigree s’attaque à la pop, cela fait souvent des étincelles. Même si, au départ, on est assez déçu de sa facture harmonique et stylistique plutôt académique, tout l’intérêt de ce Most Of The Boys réside dans le fait que les cordes (violons, altis, cellos et contrebasses) sont au centre de ce disque, en sont le cœur et le squelette alors que la voix de Sasha Siem en est l’âme. Chez l’anglo-norvégienne, la musique n’est pas un long fleuve tranquille, au contraire avec espièglerie et intelligence elle joue avec les différents paramètres du son, notamment l’intensité et le timbre, et avec de brusques changements d’ambiance, de tempi, de nuances, de modes de jeu (staccato, pizzicato, col legno, sul ponticello ou sul tasto…) qui font virevolter les notes au gré des diverses harmonies.
Une effervescence musicale que l’on retrouve dans des titres comme "Most Of The Boys", "So Polite", "See Through", "My Friend" ou encore le plus sombre "Proof", où les cordes exultent, grincent, tournoient autour de la prosodie de Sasha Siem. Voulant s’éloigner de la musique "classique" par ses recherches sonores, Sasha Siem n’est pas sans rappeler la musique de Björk, Joanna Newsom, Nico Muhly, Richard Reed Parry ou encore Fiona Apple. Par contre, on évitera soigneusement la version Deluxe et ses remixes rajoutant une musique électronique vaguement planante ayant le désagréable effet de faire rentrer cette musique dans le rang… un comble !
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