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puce Philippe Torreton & Edward Perraud
MEC !  (Tacet)  décembre 2015

Les sorties autour d’Allain Leprest (1954-2011) se suivent et ne se ressemblent pas, donnant à son œuvre posthume des airs de classique : après l’événement de la rentrée 2014 – deux albums d’inédits par Claire Elzière et Jean Guidoni, soit une vingtaine de nouvelles (et pour la plupart excellentes) chansons – voici que ce début 2016 démarre à nouveau sous de beaux hospices, avec deux disques fraîchement parus, que tout oppose a priori, dans la forme comme dans le fond.

Un album que l’on n’attendait pas (le spectacle Leprest de Torreton a déjà beaucoup tourné, mais on ignorait qu’il allait enregistrer) ; un autre que l’on n’attendait plus (JeHaN / Suarez), annoncé depuis plus d’un an, rodé en concerts, maintes fois repoussé… et qui, finalement paru mi-janvier, place la barre très haut et servira sans doute de mètre-étalon aux prochains albums d’hommage.

Au premier le spoken-word (ou slam ou talk over ou scansion) ambiancé par un batteur-bruiteur. Aux seconds, le chant avec accordéon-ami et guitare en bandoulière. Rien à voir, donc, a priori… Si ce n’est que les deux projets se rejoignent sur une chose primordiale : la qualité du répertoire choisi. En l’occurrence, celui d’un des plus flamboyants auteurs de chanson de la fin du XXe siècle (et début XXIe), dont l’aura ne cesse de croître auprès des amateurs.

Tacet, la dernière maison de disque d’Allain Leprest, poursuit donc son travail patrimonial intelligent en publiant un enregistrement studio reprenant la trame du spectacle que Philippe Torreton consacre au cher disparu – et qui passera par la Cigale le 15 février prochain. Le comédien (occasionnellement auteur) est accompagné du percussionniste (occasionnellement guitariste) Edward Perraud.

Torreton n’est pas étranger à l’univers Leprest : on se souvient de lui invité sur l’opus 2005 du chanteur, donnant la réplique sur une chanson légère intitulée "C’est à la fin du bal". Rouennais, Torreton affirme avoir découvert Leprest lors de concerts régionaux à la fin des années 70-début des 80’s, avant qu’il explose définitivement à Bourges en 85. La sélection en tient compte, qui focalise sur les chansons des débuts (issues majoritairement des deux premiers albums), celles que le jeune acteur a pu découvrir jadis, lors de ce coup de cœur inaugural.

Autre parti pris : n’avoir choisi que des chansons enregistrées par Leprest lui-même. Alors que les autres varient leur répertoire en picorant dans les disques des multiples amis pour lesquels Allain a écrit (au hasard : Romain Didier et Francesca Solleville, particulièrement bien fournis en lepresteries), Torreton choisit la difficulté en habitant des chansons marquées à jamais par le grain de voix si reconnaissable de leur auteur. Un choix courageux, qui ne nous étonne pas de la part d’un comédien habitué à incarner des personnages à la fois proches du peuple et "bigger than life" par leur façon de se coltiner l’existence.

Dernier choix, sans doute le plus important : se passer des musiques initiales, pourtant souvent grandioses. Dire du Leprest comme de la littérature, voir si ses mots, une fois mis à nu, accrochent encore l’espace sans l’aide des notes qui les ont portés. De son vivant, par fausse modestie ou vraie conviction, Leprest récusait le mot "poète" et parlait de son travail – c’est devenu un lieu commun – comme d’un "artisanat", donnant du grain à moudre à ceux qui qualifient la chanson d’art "mineur", avec les conséquences que l’on sait (notamment en matière de politique et subventions). Beaucoup d’admirateurs, néanmoins, l’appelaient "poète" parce qu’ils avaient décelé dans ses couplets un surplus de style et de personnalité faisant défaut à nombre de ses collègues. Dire que ses chansons sont des poèmes est objectivement un contresens ; mais c’est, subjectivement, un compliment, une façon de les sortir de l’ornière "art mineur". D’où l’intérêt de prendre ces textes à nu, pour voir ce qu’ils ont dans le ventre.

Pour ce faire, le comédien, a choisi les chansons les plus "raconteuses" (d’histoires, anecdotes, ambiances). Il a omis tout un pan de la création leprestienne, celui du travail sur les mots, les jeux virtuoses sur le langage ; ces textes en apparence sans queue-ni-tête qui parviennent – c’est là le miracle et son talent – à retomber presque systématiquement sur leurs pattes. On aurait pu lister mille autres titres susceptibles d’éclairer autrement cette œuvre. Mais il a fait son choix, et celui-ci s’avère tout à fait cohérent avec ce qu’il est.

Sur les dix-neuf morceaux que comporte son disque, on distingue plusieurs catégories : d’abord, ceux ayant déjà fait preuve de leur capacité à se passer de partition. C’est le cas de "Mec" et "Chien d’ivrogne", qui ouvrent l’opus. Le premier avait déjà été déshabillé de sa musique (signée Fabrice Plaquevent) par Leprest lors de ses dernières tournées – il disait le texte comme on conte une histoire. A contrario, "Chien d’ivrogne" a toujours été une espèce de sketch, accompagné de musiques d’ambiance variées. Avec ces titres, on n’est pas dépaysé, mais on redécouvre certains détails. Sur "Mec", par exemple, l’urgence qui tord la voix de Torreton fait ressortir des éléments d’anxiété qu’on n’y avait pas forcément perçu au départ – là où d’autres interprètes de ce texte (on pense à Marion Cousineau) l’emmenaient du côté de la tendresse. L’amitié virile est plus musclée que de coutume, on entend plus distinctement "les bruits de la guerre".

Autre cas de figure : les textes n’ayant pas bénéficié, à leur création, d’une musique marquante, peu repris par les interprètes, candidats à la redécouverte : c’est le cas ici de "Rimbaud" et "Tu penses à lui". Francis Lai et Romain Didier ont beau être d’éminents compositeurs, on ne peut pas dire que ces musiques-ci aient fait partie de leurs grandes réussites. "Rimbaud" existait déjà en version groupe (en 1980), et la voix parlée-chantée suivait une (vague) mélodie qui n’a guère varié ensuite, même si elle a changé de compositeur – Francis Lai se contentant de composer un accompagnement musical (citant en clin d’œil celui de sa propre "Bicyclette"), plus qu’un nouvel air chanté. Philippe Torretton le déshabille de ses oripeaux un peu lourds (les orchestrations des premiers Leprest, chez Meys, ne furent pas une réussite) et redonne à ce texte toute sa causticité : il braille, éructe presque, d’un ton résolument sale gosse qui prend à partie le poète trop tôt parti, rêve pour lui d’une vieillesse académique. C’est mordant, irrévérencieux, satirique et – l’un n’empêche pas l’autre – stylistiquement de haute voltige sur le plan prosodique. On ressent mieux le texte ici que dans les arrangements noyés de réverb’ de la version d’origine. Et le faire suivre de "C’est peut-être" et "Edith", autres chansons où Leprest utilise des artistes célèbres pour animer sa comédie humaine, est une bonne idée.

"Tu penses à lui" est une autre surprise. L’un des rares titres choisi par Torreton dans la décennie 90, peu ou pas repris. Le réentendre permet de comprendre qu’il y avait au départ une contradiction : Leprest, porté par une musique passe-partout, teintait cette chanson de désamour jaloux d’une relative légèreté, qui en atténuait le propos. Ici, dans un climat plus grave, zébré de guitare électrique, le désespoir affleure. C’est un "Ne me quitte pas" revisité, où le "laisse-moi devenir (…) l’ombre de ton chien" est remplacé par un "Et dans mes nuits de reconquête / Tu m’appelleras par son nom si / Tu penses à lui…" tout aussi pathétique. Le ton crépusculaire de Torreton colle parfaitement au propos… Et le texte suivant, "Le Chagrin", enfonce encore plus douloureusement le clou.

Autre cas de figure, "Y’a rien qui s’passe", classique parmi les classiques, semblait se prêter idéalement à l’exercice : une mélodie minimale (de Leprest himself), des mots (simples) richement sertis qui contiennent leur propre musicalité et semblent capables de se passer du soutien des notes. Déshabillés et réinvestis par la voix de Torreton, c’est criant de vérité : ce texte est à la fois un tableau et une nouvelle. Précision vague à la Carver, humanité cabossée à la Bukowski, transposée sur une plage du débarquement où ne débarquent plus que des touristes. Rien ne s’y passe en apparence… mais on aura du mal à oublier ces protagonistes-ci et ces trois fois riens-là, les non-dits entre barmaid et clients qui les occupent une vie durant. C’est un texte parfait pour être mis en bouche par un acteur. Les instruments de Perraud accentuent la grisaille nuageuse, distillent un crachin qui trempe jusqu’à l’os. Ils emportent le morceau vers l’orage spleenétique qui guettait tout du long et n’éclate qu’à la fin.

Sur les chansons jadis dotées d’une musique marquante, "tubes" aux mélodies si familières que deux-trois notes suffisent à en réactiver le souvenir ému, le résultat est plus contrasté. Ca marche très bien sur les amours tarifées à la va-vite du "Sac à main de la putain", frénétiquement enchaîné à "Ton Cul est rond". Le changement de tempo a du bon : l’interprétation de JeHaN (qui reste plus en mémoire que l’originale par Leprest) nous avait habitués à une version lente de la chanson, une sensualité ensoleillée aux courbes amples, aux hanches un peu lourdes. Cette fois, le temps presse et le rythme galope, en écho au texte ("time is money", "j’ai tant couru contre ta montre", "et je suis encore à la bourre"), avant ralentissement final, comme un (arrière-)train qui entre en gare…

Ca fonctionne aussi sur "Martainville", avec une astuce : si les chansons de Leprest avaient rarement un refrain, celle-ci, pour une fois, en possède un, particulièrement mémorable. Torreton le déplace à la fin : cela crée un agréable effet de suspens (on l’attend, on l’attend, le refrain bouleversant). A contrario "Il pleut sur la mer", autre chanson magistralement mise en musique par Etienne Goupil, souffre de cette réappropriation : la partition originelle était basée sur un beau contraste, couplets orageux contrebalancés par un refrain en valse lente qui faisait danser le spleen. Sans elle, l’interprète fait du surplace, et plus rien ne bouge. Aucune éclaircie musicale ne troue le ciel orageux, et le gardien du phare (ce qu’il en reste) s’enfonce encore un peu plus dans son marasme.

Autre cas de figure, mais même réticence avec "J’ai Peur" : la musique initiale, signée Jean Ferrat surlignait déjà beaucoup (un peu trop à notre goût) l’angoisse du texte. Elle est remplacée ici par des percussions rageuses et une voix inquiète, qui aboutissent au même résultat : la peur insistante, rendue encore redondante par la fièvre de l’interprète. A titre de comparaison, JeHaN, dans son dernier disque, s’empare du même morceau pour le dire sans musique, mais en douceur, sans trop en rajouter dans l’angoisse (déjà bien exprimée dans les paroles). Ce contraste rend sensible une autre facette du texte, un spleen plus existentiel que la dépression un poil trop musclée et démonstrative de Torreton.

Dernier petit bémol : le seul véritable inédit, "Chanson noire", paru à l’origine dans le recueil "Tralahurlette", joué sur scène en 1980-81 mais jamais enregistré. Peut-être à raison : c’est un texte relativement scolaire, comparé à ce que Leprest a fait ensuite. Torreton le dit avec une ferveur un peu trop solennelle, comme on dirait du Aragon… C’est exagéré. Le texte, sans être indigne, ne méritait pas cet excès d’honneur. Qui plus est, l’acteur commet une petite erreur (qui figurait déjà dans "Tralahurlette", dont l’édition originale contenait quelques coquilles) : le vers "L’ombre à leurs trousses, nos ombres dansent" ne rime à rien ; c’est en réalité "L’aube à leurs trousses…", on s’en aperçoit en réécoutant les versions par Leprest et son groupe en 1980-81. [A signaler d’autres variations de texte : une sans doute volontaire, "les souvenirs d’en-France" de "Combien ça coûte" changés en "souvenirs d’enfance"… Pourquoi pas ? JeHaN actualise bien "C’est peut-être" en disant "Courneuve" au lieu de "tour neuf" ; l’interprète est libre de se réapproprier un texte comme il veut. Plus problématique par contre – car forcément involontaire – le "pour mieux t’envoler mon enfant" du "Temps de finir la bouteille", changé en "pour mieux te VOLER mon enfant" : c’est d’autant plus dommage que ce genre d’erreur, humaine sur scène, aurait pu être corrigée en studio, et gâte l’interprétation de la chanson par Torreton, qui est partout ailleurs d’une intensité remarquable].

Au final, à quelques réserves près – sur 19 titres, ce n’est pas grand-chose – le disque est fort appréciable, apporte une pierre originale à l’édifice qui rend hommage, mois après mois, au fulgurant auteur. A la question "est-ce que les textes de chansons tiennent sans musique, est-il possible de les dire comme de la poésie ?", Torreton apporte une réponse… nuancée. S’il en dit quelques-uns ("On était pas riche", "Combien ça coûte"…) de façon totalement nue, c’est bien le dialogue entre lui et son acolyte musicien qui fait le sel de cette réinvention, en rythmant autrement des vers que l’on croyait savoir par cœur. Seuls, malgré leur beauté et leur intelligence, il manque peut-être quelque chose : un "poum-tchak" de batterie ou un grondement de guitare atmosphérique leur donne un nouveau relief, en fait de la musique. Une autre musique que celle (majestueuse) qui les accompagnait jadis. Eloignée de la chanson, plus proche de ce qui agrémente d’ordinaire le slam. Est-ce que le slam est de la poésie ? On ne va pas entrer dans le débat… mais la plupart de ces textes-ci ont besoin de se confronter à quelque chose (un rythme, une mélodie) pour révéler leur saveur. Ils ne sont pas ornementés comme des poèmes, dans le but d’être lus. Leur poésie s’exhale quand un metteur en musique sait y faire. Et c’est le cas ici.

On s’aperçoit qu’avec des mots de tous les jours puisés dans la langue populaire, un sens personnel de l’association d’idées (et comment les faire swinguer), Allain Leprest hissait le parler "d’en France" jusqu’à un semblant de poésie. Sans forcément atteindre au Parnasse, ce n’est tout de même pas négligeable… Et la façon qu’a Torreton de les dire, murmurer, crier ou éructer, réveille cette musicalité tapie dans l’ombre, qui ne demande qu’à ressurgir. Torreton et Perraud apportent quelque chose de neuf. On aime leurs ruptures de ton, qui font tendre l’oreille à des moments où l’on n’avait pas l’habitude de le faire. On aime leur tracklisting astucieux : "On était pas riche" enchaîné à "Combien ça coûte", ou le crash aérien de "D’Osaka à Tokyo" fondu à "Garde-moi la mer"… c’est bête comme chou mais il suffisait d’y penser – merci à eux de l’avoir fait.

 

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Philippe Torreton en concert à La Cigale (lundi 15 février 2016)

En savoir plus :
Le site officiel d'Edward Perraud
Le site officiel de Karavane Productions
Le Soundcloud de Tacet


Nicolas Brulebois         
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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

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