Aéronef jette du Feu ! Chatterton ce soir aux lillois. La salle est comble de curieux qui veulent rafraîchir leurs oreilles de ce groupe tant chroniqué, depuis qu'ils ont partagé la scène avec les indomptables Fauve.
Feu ! Chatterton, un drôle de nom qui interroge. Terrain fertile aux questions que le groupe, préparé, aime à dépeindre. On est au 19eme siècle. Chatterton est ce poète dandy qui s'empoisonne par désespoir de ne pas vivre de sa passion. Un tableau foudroyant de Henry Wallis illustre le jeune homme. A l'époque, une icône romantique. Et encore aujourd'hui... Arthur et les autres le fantasme. L'incarnation de leur style, de leur influence, de leur dérision. Un top départ sur scène : Feu ! ... , Chatterton.
C'est donc une belle histoire de quatre passionnés de musique et un amoureux des lettres qui ouvre Feu ! Une rencontre au lycée et le temps aura rapidement fait son oeuvre. Tout feu tout flamme. L'envie grandissante de passer de la cave aux projecteurs et bientôt un titre phare : "La Mort dans la Pinède".
Les voici ce soir là, scandant le nom "Aéronef" auquel répond le public à l'unisson. Ils savourent cette scène tant rêvée. Eux qui, il y a encore peu, jouaient en parfaits inconnus dans les petits bars.
L'habit est parfaitement taillé, la coiffure gominée. Le chanteur, Arthur, démarre fort par une chanson aux rythmes énervés, mêlant narcotiques et folie. Fou à lier. Le verbe est savamment utilisé et rebondit sur les accords. Le voici donc ce nouveau Bashung ? Ces Noir Désir en herbe ? Depuis que l'encre coule derrière leurs concerts, Feu ! Chatterton engrange les comparaisons de la part des critiques. Comme une soif de trouver les successeurs rock, ceux qui reprendront le flambeau des stars qui tristement s'éteignent.
La pression doit être forte sur leurs épaules. Mais ils assurent, de leur énergie débordante. Juste quelques interludes métaphoriques, le temps de se reposer et ils repartent, enchaînant le répertoire. "Ca balance pas mal" lance-t-on au bar. La chanson-tube qui fait véritablement vibrée toutes les oreilles s'appelle "Boeing". Sous ses airs électro, elle est irrésistible. Tiens ? Ne serait-ce pas une pointe de Higelin dans cette voix chevrotante.
Du romantisme, outre les apparences, les textes en sont largement inspirés. Les mots, finement ciselés réincarne Rimbaud (Tiens donc?) et bien d'autres stars des lettres. Il fallait oser remettre à l'honneur cette époque sous un nouveau manteau. Celui du rock, agité, fiévreux, endiablé, inspiré de Radiohead, Bowie, Pink Floyd et que construisent très bien les musiciens. Il fallait oser, à peine slamer et plutôt chanter, ces textes, dans toutes leur complexité. C'est appréciable.
Dans la genèse de leur succès, leur premières scènes à vivre, leur premier album à suivre. La suite nous dira si c'est un feu de paille ou un brasier qui se profile.
En première partie, Flat Screen Radio chauffait la scène. Difficile pari. Les quatre lillois cultivent une pop anglaise hypnotisante. A mi-parcours, les influences orientales emmenaient pourtant le public dans une ambiance psychédélique. Une prestation trop courte et un peu nerveuse pour s'en faire un avis tranché. Mais dans leur répertoire, quelques morceaux plutôt prometteurs bien que ressemblants méritent une écoute attentive.
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