Comédie romantique de Lilian Lloyd, mise en scène de Sonia Bhé, avec Emilie Deville et Cyril Aubin.
Pas de chance pour Antoine ! Voilà une année qui va encore mal finir... Alors qu'il comptait se pendre, son lustre n'a pas tenu le coup et, au lieu de rejoindre le ciel, il a crevé son plafond et est arrivé un étage plus bas, chez sa voisine Laura...
Enfin, tout n'est pas totalement perdu puisqu'il se découvre un point commun avec elle : l'envie d'en finir. Son intrusion intempestive aura eu pour conséquence de faire rater à Laura son propre suicide. Partie remise ? Fin de partie solitaire ?
La pièce de Lilian Lloyd a devant elle une belle heure et demie pour résoudre la déprime de ses personnages... et il ne faut pas être grand clerc pour déjà dire qu'Antoine et Laure sont faits l'un pour l'autre et qu'il y peut-être pire qu'un suicide. Vont-ils ainsi troquer leurs pensées morbides pour l'enfer de la vie commune ?
Comédie dramatique dédramatisée, "Les pieds dans le vide" est une partition pleine de bons mots et de situations farfelues. Les deux protagonistes ne manqueront pas de s'expliquer sur leur acte final manqué tout en se dévoilant peu à peu.
Evidemment, la réunion imprévue de deux personnes en manque d'amour a de quoi réveiller les sentiments. Éros succèdera-t-il à Thanatos ? Le spectateur l'espère vite, mais qu'en est-il de Lilian Lloyd ? Les laissera-t-il sauter dans le vide ou dans l'inconnu de la vie commune ?
Auteur prolifique, il est indéniable qu'il aime raconter des histoires, créer des face-à-face propices à des scènes fortes. Peut-être est-il encore un peu trop gourmand en "mots d'auteur", peut-être devrait-il moins calculer ses effets, être moins théorique pour appartenir au cercle très fermé des auteurs à succès.
En tout cas, dans "Les pieds dans le vide", Emilie Deville et Cyril Aubin sont mis en valeur et donnent leur meilleur.
Dans des conditions drastiques, Sonia Bhé sait les faire évoluer entre canapé et échafaudage. On ne s'ennuie pas et l'on est en empathie avec ces personnages dont le désespoir n'est heureusement pas communicatif et qui, paradoxalement, finit par donner la pêche. |