Comédie écrite et mise en scène par Guillermo Pisani, avec Caroline Arrouas, Clément Clavel, Guillaume Fafiotte, Robert Hatisi, Julie Lesgages et Anna Rot.
Comme bon nombre d'auteurs argentins, Guillermo Pisani aiment les récits labyrinthiques, les dispositifs compliqués. Résumer ceux du "Système pour devenir invisible" serait une gageure.
Tout se passe dans un lieu unique rempli d'écrans télés. Dans un premier temps, une artiste annonce une performance très sexuelle...
Puis, on se retrouve à Berlin. Dans l'antre d'un garçon qui n'est autre que "Doudou", un génie de l'informatique qui a inventé le fameux système d'invisibilité. Il a ramené chez lui une fille... qui appartient à un groupe d'activistes lorgnant sur cette invention...
Mystère à double ou triple sens comme ses écrans où l'on traduit l'allemand en français et réciproquement mais pas forcément de manière exacte, la pièce écrite et mise en scène par Guillermo Pisani a l'avantage de la vraie originalité...
Une originalité que l'on pourra trouver intéressante ou simplement ludique, selon qu'on se passionnera pour cette histoire mi saugrenue mi fantastique ou que l'on y restera extérieur.
On n'expliquera pas comment se "matérialise" l'invisibilité, mais le « truc" utilisé fait partie des petites choses assez poétiques que sait distiller Guillermo Pisani.
Proposition parfois étrange, quelque fois triviale, "Le système pour devenir invisible" est à la limite du théâtral et du performatif. Certains personnages ont du charme, comme cette voisine allemande au visage si particulier et qui ne s'exprime que dans la langue de Goethe.
D'autres poseront question et relanceront les interrogations sur la nécessité de ce théâtre incertain. Pourquoi survient ce personnage truculent qui se déguise successivement en Wolf Biermann et en Nina Hagen ?
Pourquoi cette insistance à décrire un Berlin d'aujourd'hui dans lequel subsistent tant d'éléments de l'ère baba cool des années soixante-dix, comme cet électrophone qui diffuse un tube planant allemand ? Pourquoi annoncer (sans que la promesse soit tenue) qu'une micro caméra va filmer l'intérieur d'un vagin ? Est-on devant une vaste blague ou une construction au symbolisme ultra signifiant ?
Argentin rimant peut-être avec petit plaisantin, Guillermo Pisani embarque ses spectateurs dans une expectative permanente. Tout est mouvant et la traduction simultanée trop belle pour être vraie.
Qu'importe. Ceux qui viendront se perdre dans ce méli-mélo sans tout comprendre ni résoudre auront sans doute, en échange, gagné leur ticket d'entrée pour l'invisibilité. |