Sara, l’héroïne principale de ce roman, aurait pu faire sienne la chanson "Plein Air" des Valentins où Edith Fambuena chantait : "Je flippe en zingue, planer me flingue, prête à tout bonne à rien". Bref, elle a comme le chantait Francis Cabrel "peur de l'avion", une pteromerhanophobia maladive.
Chez elle cette peur est une peur panique, faite de cris de larmes et de terreur incontrôlée, elle dure depuis toujours, depuis qu’elle est toute petite, obligeant donc sa famille à ne jamais quitter leur île, l’Angleterre. Vous me direz, on vit très bien sans prendre l’avion, malheureusement pour Sara si elle veut une promotion, c’est-à-dire prendre la place de son chef, elle va être amenée à voyager plus souvent et principalement en avion, sinon ça ne serait pas drôle. Il est donc grand temps qu’elle fasse quelque chose pour se soigner. Pour lutter contre son aérodromophobie elle choisit l'hypnothérapie. L’hypnotiseur, le thérapeute pardon, qu’elle choisit n’est autre que son futur beau-frère, Stephen, ça tombe rudement bien. Peu de temps après les premières séances, Sara commence à être victime d’étranges hallucinations macabres et sanglantes et si tout ça était lié…
Le roman prend la forme d’une succession de témoignages de tous les protagonistes, plaçant le lecteur dans le rôle du journaliste chargé d’écrire un livre sur cette histoire. Evidemment, ce procédé permet d’avoir plusieurs points de vue, d’avoir la même scène racontée par les différents personnages avec des versions plus ou moins flatteuses suivant qui la raconte, cette partie-là est vraiment réussie, se permettant parfois de drôles de dialogue comme si tous étaient dans la même pièce, ou d’autre fois cela permet de "délier les langues" et de mieux comprendre ce que chacun a vécu et comment il l’a vécu. On trouve donc les témoignages de Sara et Stephen évidemment, mais aussi la sœur un peu control freak, la meilleure copine prétentieuse, l’ex petit copain loser, les collègues de bureau et un expert en hypnose…
Même si l’histoire est un peu tirée par les cheveux, pardon capillotractée, et les personnages un peu caricaturaux, on prend un vrai plaisir à suivre l’histoire, on a hâte de savoir ce qui s’est vraiment passé, et surtout comment, C.J. Cooper fait avancer son intrigue petit à petit et c’est assez amusant de comprendre comment chacun voit les choses, de voir que la vérité et les souvenirs sont des notions toutes relatives. On aimerait parfois que les relations patient / soignant soient un peu plus approfondies, expliquées mais c’est avant tout un "Thriller Choral" comme le dit la quatrième de couverture, c’est-à-dire cherchant à créer une ambiance, à avancer dans l’histoire, avant "la révélation finale qui va vous surprendre" typique de ce genre de roman.
Bref, ce premier live de C.J. Cooper sans rien révolutionner, se permet une petite audace de forme grâce à laquelle le livre devient un petit plaisir de lecture, ce qui pour un premier roman est plutôt rare et donne envie de suivre cette auteure. |