Réalisé par Paul Vecchiali. France. Romance. 1h27 (Sortie le 9 mars 2016). Avec Pascal Cervo, Astrid Adverbe, Julien Lucq, Frédéric Karakozian, Manuel Lanzenberg, Mireille Roussel, Simone Tassimot et Roland Munter.
Dire que Paul Vecchiali dans son long parcours cinématographique n'a pas emprunté les autoroutes de la facilité n'est pas lui faire offense.
Loin des canons de la Nouvelle Vague, à laquelle il a survécu grâce à un vrai tempérament de résistant, il est aujourd'hui encore en pleine recherche.
Après "Nuits blanches sur la jetée", film nocturne dans lequel il démontrait qu'il n'avait rien perdu de son envie d'images et de sons, il livre maintenant un film solaire, éclatant d'appétit, paradoxalement sombre et désespéré.
Au début, ce n'était qu'un jeu fort classique et presque puéril : une femme trompée rend la monnaie de sa pièce à son mari.Mais, quand le cinéma traite de la vie, et que le cinéaste est Paul Vecchiali, cela ne peut se résumer à la description d'un match nul. Ne serait-ce que parce que l'amour peut virer à la passion et qu'il n'y a jamais égalité parfaite dans une passion.
Dès lors, "C'est l'amour" de Paul Vecchiali n'est pas ce qu'on attendait, c'est-à-dire un marivaudage qui lorgnerait du côté du cinéma d'Alain Guiraudie. Et, s'il emprunte bien les codes de celui-ci jusqu'à les parodier, il y a ajoute un plus : en l'occurrence, une vraie émotion qui manquait par trop à "L'inconnu du lac".
Ici, quand les hommes s'aiment, ils sont sincères et leurs sentiments leur collent à la peau, les rendent fragiles. L'homosexualité n'est pas une posture ludique, laissant à penser en "sous-texte" que le "vrai" amour ne pourrait être "sérieux", voire tragique, qu'en étant hétérosexuel. Dans un monde où l'amour n'est qu'un jeu du hasard, Vecchiali s'appuie sur de beaux personnages.
D'Astrid Adverbe, royale dans sa robe rouge, à Fred Karakozian, géant solide au cœur percé, tous sont les acteurs d'une ronde "ophulsienne". Encore une fois, l'amour, comme le plaisir, ne saurait être gai. Il est porteur d'une fatalité qu'il est préférable de laisser en suspens dans une ellipse finale qui rappelle que dans "C'est l'amour" de Paul Vecchiali, la croyance dans le cinéma est essentielle. Elle transcende tout, même une apparente économie de moyens qui pourrait conduire au plus sec des minimalismes.
Mais, après plus de cinquante ans de carrière, l'auteur de "Femmes, femmes" et "D'en haut des marches" a l'art et la manière de ne s'en point contenter.
"C'est l'amour" de Paul Vecchiali saura émouvoir. Ce néo-mélo ensoleillé n'est ni ringard ni moderne. Il est simplement d'une évidence éternelle. Les Grecs ou Pagnol auraient pu le signer. |