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Emmanuel Bourdieu  mars 2016

Réalisé par Emmanuel Bourdieu. France/Belgique. Biopic. 1h37 (Sortie le 9 mars 2016). Avec Denis Lavant, Géraldine Pailhas, Philip Desmeules, Rick Hancke, Marijke Pinoy, Vanja Godée, Simon Bergulf et Kim Vetting.

En 1948, l'écrivain Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, est au Danemark. Après avoir passé un an dans une prison de Copenhague, il s'est installé à la campagne en attendant de savoir quel sort il connaîtrait s'il remettait les pieds dans une France épurée de ses amis pro-allemands.

Un jeune intellectuel américain, Milton Hindus, fervent admirateur, à l'origine d'une pétition en sa faveur - qu'il a faite signer à Henry Miller - vient lui rendre visite.

Dans son "Louis-Ferdinand Céline", Emmanuel Bourdieu ne traite que d'un épisode de la vie de l'écrivain, celui qui va clôturer ses années d'errance après la défaite nazie.

Ce qui intéresse Bourdieu Jr, c'est que Céline ne peut plus dire qu'il n'est pas au courant des crimes qui ont eu lieu au nom de l'idéologie raciste qu'il partageait. Comment va-t-il intégrer cette nouvelle ? Reconnaîtra-t-il ses erreurs ou va-t-il continuer à les justifier ?

L'arrivée de Milton Hindus, qui ne cache pas à l'auteur de "Bagatelles pour un massacre" qu'il est Juif, va donc inévitablement lever certaines ambiguïtés. "Louis-Ferdinand Céline" d'Emmanuel Bourdieu n'est pas à proprement parler un "biopic", mais un instantané sur l'état de la "pensée célinienne".

C'est un film à trois personnages qui se rencontrent dans un endroit improbable, presque hors du temps, en tout cas, loin du bruit et de la fureur qui hantent l'oeuvre de Céline.

Trois personnages ? Il faut certainement en inclure un quatrième : le Danemark. Un Danemark qui n'est ni celui d'Hamlet ni celui de Dreyer, mais qui serait l'antithèse de tout ce que Céline charrie dans ses livres. Céline, Lili et Milton s'ébrouent dans une campagne idéale, loin de la noirceur paysanne à la française, dans un pays où il n'arrivera plus rien avant Lars Von Trier et qui s'apprête à connaître un long sommeil grâce à la social-démocratie à la scandinave.

Ce cadre trop tranquille fatigue Céline qui attend quelque chose ou quelqu'un pour le réveiller. C'est ce que fera à son corps défendant le jeune américain.

Le film est sous-titré "Deux clowns pour une catastrophe". Céline et Milton sont ces deux gugusses qui vont transformer ce havre d'insignifiance danois en lieu d'affrontement presque diabolique. En un quart de seconde, l'incorrigible Hyde antisémite quitte le corps où il se cachait, celui du brave Dr Jekyll-Destouches, injustement exilé.

Denis Lavant, qui a déjà joué Céline au théâtre, est poussé par Emmanuel Bourdieu vers la caricature, au point qu'on a l'impression qu'il campe Quasimodo ou le disciple contrefait du Comte Dracula.

Plus halluciné que de raison, Lavant est associé à Géraldine Pailhas qui, elle, incarne l'élément rassurant du couple. Même si sa prestation est réussie, on s'interrogera sur la nécessité qu'elle avait de se faire la tête de Simone de Beauvoir. Plus anecdotiquement, on rappellera que le chat de Céline, le fameux Bébert, est connu pour être un chat de gouttière tigré et qu'ici, c'est un gros matou plutôt blanc.

Ces réserves confirment que le "Louis-Ferdinand Céline" d'Emmanuel Bourdieu est construit, non sur la vérité historique du personnage et de son entourage, mais sur la vérité littéraire fantasmée que l'écrivain a donné en pâture à ses lecteurs. Cela donne un film qui se suit sans déplaisir, qui a bien su éviter la tentation du théâtre filmé.

Peut-être pourrait-on, in fine, se demander ce qu'apporte le film de Bourdieu, puisqu'il ne revient pas sur le nœud du problème Céline et ne cherche même pas à le résoudre. Ce n'est pas grâce à lui que l'on comprendra enfin pourquoi un génie de la littérature n'a pu s'extraire des idées de la petite bourgeoise boutiquière.

"Louis-Ferdinand Céline" d'Emmanuel Bourdieu a le mérite d'être le premier film de fiction consacré au romancier de "Mort à Crédit". On pourra désormais se demander si le tour de ce chef d'oeuvre ou du "Voyage au bout de la nuit" que l'on disait inadaptable ne viendra pas bientôt.

 

Philippe Person         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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