Animal Collective. Un nom qui ne laisse personne indifférent et qui provoque, au choix, ricanements, quolibets ou / et analyses musicologiques aussi fines qu'une conversation de soirée au bistrot après l’ingestion de trois ou quatre triples Westmalle, ou louanges.
Votre obligée a donc dû ronger son frein devant la lecture ces derniers jours des : "c'est affreux" (horrible, ignoble, moche… ou tout autre synonyme), "on dirait qu'on a ouvert deux fenêtres YouTube en même temps", "j'ai passé l'âge pour ce genre de truc psyché à la con", "c'est vraiment du foutage de gueule", etc. qui ont inondé la toile. Car il faut l'avouer, elle a une immense tendresse pour ce groupe. Et, incroyable, on ira même jusqu'à comparer le groupe à feu le regretté homme orchestre Rémy Bricka, vous conviendrez de l'absurdité d'une telle affirmation.
Absurdité…. Et si finalement ce mot résumait à lui seul la musique d’Animal Collective ? Une musique absurde car ne ressemblant probablement à rien (de connu) certes, mais séduisante car assumée et parfaitement délirante.
Painting With est le dixième album du groupe de Avey Tare et Noah Lennox. Enregistré au studio EastWest, où les Beach Boys ont enregistré Pet Sounds, on retrouve la participation de quelques invités de marque (John Cale, Colin Stetson). Painting with est une oeuvre séduisante même si elle n'atteint pas la perfection et l’évidente accessibilité de Merriweather Post Pavilion.
Certains marqueurs propres au groupe sont toujours présents comme les harmonies vocales, les synthés, et la rythmique entêtante et foisonnante, mais les compositions ont volontairement été raccourcies et plus concises. Ce que l'on peut percevoir comme du collage foutraque se révèle être un concentré de créativité dadaïste, réjouissante et psychédélique. L'écriture est plus resserrée donc, en faveur de morceaux plus percutants et frénétiques. Et c'est probablement ce qui est merveilleux (ou repoussant pour certains) : cette frénésie qui peut parfois mener à l’indigestion car point de temps mort dans cette pop tarée.
C'est repu du bonheur apporté par ce déluge sonore que l'on sort de l'écoute de cet album. Un conseil bienveillant de ma part : laissez vos a priori au placard et tentez l'expérience. En revanche, si vous présentez des antécédents d'épilepsie, passez votre chemin.