Ce soir, premier des 3 concerts que Chet donne à l'Espace Kiron à l'occasion de la sortie de son 3 ème album Hymne. Un album plutôt grave même s'il n'est pas dénué de sensualité brute et de quelques traits d'humour. Curieux de voir ce que cela donnera en live, compte tenu, en outre, de la musique minimaliste et du chanté-parlé,en ces temps gris où les spectateurs raffolent du festif.
En invité, Olivia Ruiz, petite et menue, sur les frêles épaules de laquelle pèse l'épisode staracadémicien, entre en scène pour ce qu'elle appelle la première partie la plus courte qu'on ait jamais vue, soit quatre chansons écrites par Chet, accompagnée à la guitare acoustique par Jérôme Rebotier qui avait ouvert le bal avec un première première partie express avec un "Expresso" crooner chanté à la manière de Jay-Jay Johanson.
Tenue baggy kakie, gentiment assise sur son tabouret, elle propose des chansons néo-réalistes un peu surannées ("Le pont des amants", "Le vitrier", "Qui sommes-nous?" et "Les vieux amoureux") chantées d'une voix claire, répétées précise-t-elle "à l'arrache" quelques heures auparavant, incite le public à faire les chœurs avec la complicité de Chet qui "lalaïse" derrière le rideau avant de traverser la scène en grandes enjambées, faisant le pître.
A côté du piano sur lequel est posé une petite cage à oiseau miniature et lumineuse et derrière une guirlande électrique rouge, on installe une chaise coque blanche des années 70 et un petit guéridon sur lequel sont déposés une sorte de boule, un verre à pied et une bouteille de vin rouge. Anachronique. Rouge comme le pantalon de Chet, rouge comme le sang, rouge comme l'amour, rouge comme les chansons de son dernier album.
Avec le seul piano comme accompagnement, sur lequel officie David Hadjadj, auteur avec Jérôme Rebotier des musiques, présenté comme David Von Karahdjadj, le concert commence par le très beau "La vie s'écoule".
A peine la dernière note éteinte, Chet affirme ne pas vouloir nous saper le moral. Il allume la boule qui devient vert fluo et qui s'électrifie, s'étonne du fait que le public parisien condescende à chanter avec l'invitée. Il nous parle des ondes et de l'interactivité. Il parle beaucoup Chet.
"Ça groove non?" dit-il en dansant sur le facétieux et "Sacha". Il chante "Le coeur et le con" et "Le train du non retour". Mais il ne faut pas plomber la soirée.
Il nous montre une toupie multicolore, alterne les chansons graves "Mon père" et les chansons plus ironico-burlesques ("Avec ma petite"), fait le clown, demande au pianiste de jouer une musique égyptienne pour accompagner son 2 ème tour de magie, animer un serpent en caoutchouc, qui s'avère plutôt asiatique. Le public rit de bon coeur.
Il a sans doute aison Chet. La vie est comme ça ; on ne reste pas longtemps dans l'émotion. Vite une pirouette pour ne pas s'attendrir. Vite une petite blague pour rebondir en rires. Il embraye sur des textes guillerets "Ciao" et le dieu à la queue de 3 mètres qui lui a fait l'amour et "Dolly" la poupée gonflable sur lequel il fait un numéro qui rend le public hilare : il "delermise" et demande au pianiste de faire les choeurs façon Benjamin Biolay.
Emotion ensuite avec "Rien appris" et le très beau "Interdit de m'interdire" écrit par Jean Roualt avant le final dans le noir complet pour "Baise-moi" qu'il présente comme "classé numéro un" des clubs libertins.
Les applaudissements sont nourris. En rappel Chet chantera "Hymne" avant de partir en vrille avec une parodie de rap, montrer son tatouage de Peter Tosh, un spectacle qui n'arrive pas à finir…
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